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Affichage des articles du avril, 2015

Suspecter, soupçonner

Les mots soupçonner et suspecter sont souvent employés l'un pour l'autre . Pourtant, il existe une petite nuance : quand l'objet du soupçon n'est pas foncièrement réprehensible, on dit toujours "soupçonner", et jamais "suspecter". Exemples : On dit : Je le soupçonne de l'aimer en secret. On ne peut pas dire "je le suspecte de l'aimer en secret", car aimer en secret n'est pas un pêché en soi. On dit : Je le soupçonne d'avoir commis un crime, ou bien , indifféremment : Je le suspecte d'avoir commis un crime. Ces deux mots ont la même étymologie. Ils viennent de "suspicere", signifiant "regarder de bas en haut" . Avec l'origine de ce mot, on imagine bien le comportement d'une personne qui en soupçonne ou suspecte une autre en la toisant attentivement, en la regardant de bas en haut. Enfin, on ajoutera que seul suspecter peut être suivi d'un objet inanimé avec le sens ...

Aubaine

Une aubaine, c'est un gain inespéré, providentiel. Mais saviez-vous qu'à l'origine, il s'agit d'un terme de droit? Le droit d'aubaine est au Moyen-Age un droit en vertu duquel les biens de la succession d'un aubain devenaient la propriété du roi. Mais qu'est-ce qu'un aubain? Tout simplement un étranger qui meurt hors de son pays. L'aubaine, c'était donc, pour un roi, d'hériter de la fortune d'un riche étranger qui venait à mourir dans son pays (pour autant qu'il l'ait sur lui), ce qui est évidemment une bonne nouvelle - inattendue -  pour les finances du royaume. Inutile de dire que ce droit était très diversement apprécié, notamment par les marchands ou les mercenaires qui étaient souvent amenés à voyager hors de leur pays, et ce d'autant plus que l'époque n'était pas sans danger. Ce droit a progressivement disparu, transformé en taxe sur la succession des étrangers, et bénéficiant d'exceptions ...

En loucedé

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Faire quelque chose en loucedé , c'est agir en douce , en finesse, sans se faire remarquer. Ce mot remonte au début du XIXème siècle et vient de l'argot développé par les bouchers parisiens et lyonnais , que l'on appelait le "louchébem" (ou loucherbem). Cette forme de langage avait pour but de ne se faire comprendre qu'entre initiés, en cryptant les mots. Les voleurs, les policiers, les résistants avaient également leur propre argot, par exemple. Les règles de cryptage sont assez simples , en louchébem, il suffit juste de les connaître : Déplacez la première consonne d'un mot à la fin Placez un "L" au début du mot  Ajoutez à la fin du mot un suffixe tel que "-bem", "-oque", "-dé", "-ji", "-uche", "é", "ah", ou "ème".  Bien sûr, comme il s'agit d'un langage non écrit, l'orthographe peut varier , mais les règles de base restent les mêmes. ...

Ca matche!

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On l'entend beaucoup à la télé, cette expression : "Ca matche" Pour dire que deux ingrédients vont bien ensemble , par exemple (n'est-ce pas, Top Chef?). Pour dire que deux personnes s'entendent bien : elles matchent bien. Ca matche, ça marche. Le problème, c'est que cet usage est fautif en plus de ne pas être très élégant. "To match", en anglais, peut traduire deux idées contraires. D'un côté, une idée d’affront, de compétition , et c'est d'ailleurs dans ce sens que le mot "match" est entré dans la langue française (un match de tennis). Mais ils peut aussi évoquer une idée d’ harmonie .   "To match well", c'est "être bien assortis", par exemple. C'est d'ailleurs dans ce sens que l'anglicisme "ça matche" est utilisé, ce qui est dommage car il existe en français de nombreuses alternatives plus élégantes, en voici quelques unes : aller bien ensemble aller bien avec que...