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Affichage des articles associés au libellé expression populaire

Compter pour des prunes

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Nous avons déjà étudié l'expression " compter pour du beurre ", qui signifie "ne pas avoir d'importance". Penchons-nous maintenant sur une expression qui a la même signification : " Compter pour des prunes ". L'expression "ne preisier une prune" est née à la fin du XIIème siècle. Pour connaître son origine, il faut remonter à la deuxième croisade , qui fut un échec cuisant. En effet, la légende raconte que les Croisés, vers 1150, ramenèrent  avec eux des pieds de pruniers de Damas , car ils avaient découvert ces fruits goûteux là-bas. On imagine bien la réaction du peuple en voyant revenir les soldats vaincus et penauds avec uniquement leurs pruniers sous le bras. Toute cette expédition pour revenir avec des prunes!  C'est ainsi que la prune a pris ce sens si négatif. Etonnant, non?

Compter pour du beurre

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Compter pour du beurre, c'est ne pas avoir d'importance. Curieuse expression , car le beurre est souvent associé à l'opulence, à la richesse (mettre du beurre dans les épinards, faire son beurre (= faire fortune), le beurre et l'argent du beurre). En fait, c e n'est qu'à partir du XVème siècle que le beurre est devenu un produit de luxe , dans le nord et l'ouest de l'Europe. C'est à ces moments là que sont nées les expressions mentionnées ci-dessus. Avant cela, le beurre était considéré comme la graisse du pauvre, l'huile étant au contraire un produit de luxe que l'on ne produisait qu'une fois par an (tandis que le beurre était produit toute l'année). Ce sont les grecs qui l'ont découvert. Ils l'appelaient " bouturon " (de bous, la vache et turos, fromage). C'est ce mot qui a donné beurre en français, et butter en anglais. Durant toute la période Antique et le Moyen-Age, le beurre était donc mépr...

Copains comme cochons

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Etre copains comme cochons c'est avoir de très forts liens d'amitiés , être toujours ensemble bras dessus, bras dessous, partager beaucoup de choses en commun. Mais pourquoi cette comparaison avec les cochon s? On ne peut pas dire que les cochons soient des animaux très sociables. Il suffit de mettre deux cochons ensemble, ils ne vont pas forcément devenir copains. L'explication est toute simple : l'expression a été déformée avec le temps . Il ne s'agit pas du cochon, à l'origine, mais du soçon (déformé en sochon, puis en cochon)! A l'origine, on disait en effet " copains comme soçons ". Soçon voulait tout simplement dire "camarade, associé" (associé, soçon, même étymologie!).

Trempé comme une soupe

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Etre trempé comme une soupe , c'est être totalement mouillé, de la tête aux pieds . L'expression date de la fin du XVIIIème siècle . Si on considère le sens actuel de la soupe, ce breuvage à base de légumes, on pourrait penser que le fait d'être trempé comme un soupe vient du fait que la soupe soit un liquide. La réalité est ailleurs . En effet, la soupe était, au Moyen-Age, une grande tranche de pain que l'on trempait dans le potage.  Du coup, cette tranche de pain ressortait trempée, d'où l'expression "trempé comme une soupe ". Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle que le terme soupe a désigné, par métonymie, le potage et non plus la tranche de pain.

Des pièces sonnantes et trébuchantes

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Voilà une expression qui sonne bon le Moyen-Age. Mais savez-vous quelle en est l'exacte signification et son origine? C'est tout simple : au Moyen Age, la fausse-monnaie était très commune, et comme la valeur de la monnaie dépendait de sa teneur en métaux précieux (or, argent, bronze), il était nécessaire d'identifier rapidement : La composition de ces pièces (le type de métal) : les marchands faisaient sonner ces pièces sur des plateaux métalliques : le son produit indiquait le type de métal qui composait la monnaie.  Voilà pour le "sonnant" La teneur en métal : pour la mesurer, on utilisait un trébuchet , sorte de petite balance de précision (c'était aussi le nom d'une arme de guerre, au passage). Une pièce posée sur le plateau du trébuchet était une pièce dite "trébuchée". Voilà pour le "trébuchant". Les pièces "sonnantes et trébuchantes" étaient donc celles qui avaient passé le test et confirmée...

Avoir voix/droit au chapitre

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Un chapitre religieux Avoir voix au chapitre , ou avoir droit au chapitre, c'est avoir l'autorité pour se faire entendre lors d'une prise de décision. Ce "chapitre" n'a pas grand chose à voir avec le chapitre d'un livre. En réalité, le chapitre, au Moyen-Age, était une assemblée tenu par des religieux au sein d'un monastère, ou d'un ordre.  Celui qui avait voix au chapitre (chanoine, évêque) pouvait tout simplement participer aux délibérations et aux votes de l'assemblée, ce qui n'était pas le cas des serviteurs ou des simples moines! Etymologiquement, on retrouve toutefois un lien entre les deux sens du mot chapitre : l'assemblée religieuse et la partie d'un livre. Chapitre vient de "capitulum", signifiant "partie d'un écrit". L'assemblée a pris ce nom-là car au début des assemblée, un chapitre de la Règle (Règle de Saint Benoit, Règle de Saint François par exemple) était lu.

Avoir le cafard

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Un cafard (qui a le cafard) "Avoir le cafard", c'est avoir les idées noires, un sentiment de profonde lassitude . Cette expression date du milieu du XIXème siècle . On la trouve la première fois dans "Les Fleurs du Mal" de Charles Baudelaire (à qui on doit aussi la popularisation du mot "spleen"). L'extrait suivant en témoigne (il parle ici du Diable) : Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art La forme de la plus séduisante des femmes, Et, sous de spécieux prétextes de cafard, Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes. L'expression vient tout droit de l'insecte du même nom , cette bête noire qui fuit la lumière tout comme le dépressif  s'isole en brassant les idées noires. Mais si on remonte plus loin encore dans l'étymologie de "cafard", on se rend compte que le nom de la bestiole vient lui-même d'un autre sens plus ancien du mot. En effet, les cafards était, au XVIème siècle, le...

Mettre à pied

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Chevalier mis à pied Mettre à pied, c'est suspendre quelqu'un de son emploi pour un temps déterminé. L'expression vient d'un usage en vigueur du temps des Romains. Lorsqu'un chevalier ne se comportait pas comme il le fallait, le censeur lui retirait son cheval et l'obligeait à marcher à pied. L'usage est resté au Moyen-Age , mais uniquement dans les cas très graves de félonie, de parricide ou d'inceste : dans ces cas-là, la "mise à pied" consistait en un rituel très précis et mené par les ecclésiastiques qui récitaient l'office des Morts, chassaient et maudissaient le coupable en lui ayant au préalable retiré tous les insignes de sa fonction, et l'obligeaient à partir sans sa monture, à pied. Aujourd'hui, l'expression est restée et n'est plus appliquée que pour des motifs moins graves. L'employé mis à pied ne doit quitter sa fonction que temporairement.

Pisser dans un violon

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Un violon "Pisser dans un violon", c'est faire quelque chose de complètement inutile. Mais d'où vient cette expression? Celui qui l'a inventée a-t-il quelque chose à nous avouer?... Pas forcément, car selon Alain Rey, l'expression de base est "souffler dans un violon". Il ne faut pas être bien malin pour comprendre l'inutilité d'une telle chose. C'est un peu comme gratter les cordes d'une flûte. Et ce n'est que par plaisanterie que l'on a remplacé le mot "souffler", par le mot "pisser". Et pisser dans un violon, en plus de rester complètement inutile, est encore plus farfelu, non? L'expression a d'office connu un  grand succès. Pour marquer l'inutilité d'une action, il existe de nombreuses expressions tout aussi amusantes, et qui parlent d'elles-mêmes, vous pouvez aussi suggérer celles qui vous plaisent. Mettre un cataplasme sur une jambe de bois - le cataplasme est...

Abbaye de monte-à-regret

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L'abbaye de monte-à-regret désignait dans l'argot du XIXème siècle la potence, puis la guillotine. L'expression est très imagée : L'abbaye , c'est parce qu'un ou plusieurs prêtres accompagnaient le condamné à mort Monte-à-regret peut signifier deux choses. La première, évidemment, c'est qu'on monte les marches menant à la mort avec un certain regret, lié au fait qu'on va perdre la tête, ou avoir les vertèbres cervicales pétées. Mais on peut y voir également une autre origine : lors d'une pendaison, dans certains cas, le bourreau montait à l'échelle par un côté, en tirant le condamné qui montait de l'autre côté, à reculons (on disait "à regret"), contrairement à la façon normale de grimper aux échelles. Ainsi, le bourreau pouvait donner une bonne poussée au condamné sans tomber lui-même.  La fameuse échelle où on "tirait" le condamné La potence a également bénéficié de beaucoup d'autres ...

Il n'a pas inventé...

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Pour dire de quelqu'un qu'il n'est pas très finaud, la langue française regorge d'expressions, à base de "il n'a pas inventé" (toujours utilisées à la négative) Les suggestions que me propose Google... Voici quelques exemples : Il n'a pas inventé l'eau tiède / il n'a pas inventé l'eau chaude (l'expression parle d'elle-même) Il n'a pas inventé la poudre (ce qui est quand même assez insultant envers les chinois, qui l'ont inventée. Pour la petite histoire, la poudre a été inventée par des alchimistes chinois aux alentours du XIème siècle, alors qu'ils cherchaient un élixir d'immortalité) Il n'a pas inventé le fil à couper le beurre . Le fil à couper le beurre est pourtant une invention simple et utile, comme toutes les meilleures inventions. Il "suffisait d'y penser", mais il n'y a aucune honte à ne pas en être l'inventeur! Il n'a pas inventé la machine à camb...

Prendre la poudre d'escampette

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Poudre d'escampette en flacon (si si je vous assure il y a un site qui en vend. Il vend même de l'huile de coude...) Le mot " escampette " est un diminutif du moyen français "escampe" qui signifiait « fuite » (s'escamper, c'était fuir). Si ce mot a disparu de notre langue à cause de la trop forte concurrence du mot s'échapper qui est très similaire phonétiquement, on l'utilise quand même (et uniquement) dans l'expression " prendre la poudre d'escampette " On rencontre cette expression pour la première fois à la fin du XVIIe siècle. La poudre dont il est question peut être  interprétée de deux façons : la poudre qui explose (et fait fuir), mais cela peut également être la poudre (poussière) soulevée par une course rapide!

Trois pelés et un tondu

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Cette expression est utilisée pour désigner une assemblée composée de très peu de personnes, avec une connotation que ces personnes sont en plus pas très intéressantes. Mais pourquoi cette expression? Les trois pelés ont-il quelque chose à voir avec le joueur de foot brésilien? Le tondu, avec le compagnon de Tif? 3 Pelé 1 Tondu (à droite) Revenons à l'origine de l'expression : Au XVIème siècle, Rabelais utilisait l'expression suivante, dans "Pantagruel : "il n'y avoit que troys teigneux et ung pelé de légistes" A partir du XVIIIème siècle, l'expression populaire est devenue : "Trois tondus et un pelé" comme on le voit dans le dictionnaire de l'Académie Française de 1813  ou "trois tondus et un pelé", parfois "quatre tondus et un pelé", ça dépend des sensibilités.  Dans l'ancien français, un "pelé" désignait une canaille, un voyou, un miséreux qui n'avait pas un rond ...

Mettre sa main au feu

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On "met sa main au feu" quand on est absolument certain de quelque chose. Mais saviez-vous que l'origine de cette expression vient du Moyen-Age, et plus particulièrement des ordalies (ordalium = jugement de Dieu)? Les ordalies étaient une forme de preuve utilisée en justice au Moyen-Age. On considérait qu'en soumettant l'accusé à une épreuve particulière, l'issue de cette épreuve démontrerait l'innocence ou la culpabilité du prévenu. Il existait plusieurs types d'ordalie, tous aussi contestables les uns que les autres : l'ordalie par le fer rouge : C'est celle qui nous intéresse aujourd'hui. On mettait dans la main du prévenu une barre de métal chauffée à blanc. On mettait donc sa main au feu. Je sais, ça doit faire mal. Puis on vérifiait 3 jours plus tard si la plaie était guérie ou purulente. Autant dire que les innocents étaient peu nombreux. L'expression prend ici tout son sens, car on ne risquerait pas de mettre sa main ...

Heureux comme Dieu en France

Certaines personnes se plaisent à dire que la France est "la fille aînée de l'Eglise". Cette vision est tout à fait contestable, mais passons. L'expression "Etre heureux comme Dieu en France" existe pour signifier que l'on est vraiment très, très à son aise, que l'on a la belle vie. Mais faut-il faire un rapprochement avec cette expression? En fait, l'expression est une traduction du Yiddish (communauté juive) : "Men ist azoy wie Gott in Frankreich" et date du XIXème siècle, à une époque où les juifs d'Europe centrale estimaient que le pays où les Juifs étaient le mieux traités était la France, pays des Lumières et de la Révolution Française (la loi du 27 septembre 1791 attribuait la citoyenneté aux Juifs) et donc, que la France était une sorte de terre promise. J'ai trouvé une autre interprétation, à mon sens beaucoup plus douteuse : comme à la Révolution, Dieu avait été en quelque sorte "destitué", il était d...

Scrogneugneu, Rogntudju!

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Scrogneugneu ! Mais que veut donc dire ce mot là, et d'où vient-il? Ce juron de soldat apparaît en 1884 (il y a 130 ans tout juste, bon anniversaire donc à ce mot), dans "Les Aventures du colonel Ronchonot", un périodique burlesque de Gustave Frison.  Scrogneugneu (ou scrognieugnieu) est tout simplement une altération de "sacré nom de dieu", influencée par "grogne", et évoque par la sonorité le marmonnement de l'homme qui râle dans sa barbe... Alain Rey précise également que "scrogneugneu" a aussi existé sous forme de nom commun, désignant un "vieux militaire bougon" ou un vieux bougon. La forme tombée en désuétude à la fin des années 40. On peut également le rapprocher du fâmeux "Rongtudju" de Prunelle (dans Gaston Lagaffe), inventé par Franquin, qui est également une déformation de "Nom de Dieu". Ce mot a permis de contourner la censure en utilisant une injure inventée, que l'on ne pouvai...

C'est du gâteau

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On dit que "c'est du gâteau", lorsque quelque chose est facile à faire. Pourtant, au premier abord, faire un gâteau n'est pas forcément aisé : casser les oeufs, ajouter le sucre, la farine, mélanger le tout, mettre au four, gérer le temps de cuisson, etc. : tout le monde ne sait pas forcément s'y prendre, même si ce n'est pas très compliqué!  Alors, qu'est-ce qui est facile dans un gâteau? Le manger!  Parce que c'est sucré, parce que c'est bon et facile à déguster. La langue courante associe les friandises et les sucreries à des choses faciles (comme dans l'expression "c'est du nanan". L'origine de cette expression est toutefois incertaine. Elle est attestée depuis 1952 par l'Académie Française, mais est apparue aux Etats-Unis en 1936 sous la plume du poète Ogden Nash sous la forme "piece of cake" ("Her picture's in the papers now, And life's a piece of cake.") qui est son équivalen...

Faire buisson creux

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Voilà une jolie expression que j'ai apprise grâce à Bernard Pivot : "Faire buisson creux", qui signifie "échouer dans ses recherches". Il faut chercher son origine dans le vocabulaire de la vènerie. "Faire buisson creux", c'était trouver le buisson (terme utilisé pour désigner les taillis, les arbustes) vide lorsque l'on était à la recherche de gibier, tout simplement! Pour le plaisir, une petite citation d'Antoine Furetière (lexicographe et romancier du XVIème siècle), pour compléter le propos : « On dit aussi, qu'on a trouvé buisson creux lors qu'on n'a pas trouvé en une affaire ou en un lieu, ce qu'on esperoit d'y rencontrer. Ce proverbe est figuré, et tiré de la chasse, où on dit qu'on a trouvé buisson creux, quand on n'a rien trouvé, ou qu'un cerf s'en est allé de l'enceinte. »

C'est de la daube!

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"C'est de la daube" est utilisé pour désigner un objet ou un spectacle de mauvaise qualité.  A première vue, on pourrait rapprocher cette expression du plat populaire "la daube" fait à base de boeuf mijoté.  Mais comment faire le lien entre ce plat qui de toute évidence ne sent pas mauvais, et cette expression fort péjorative?  Tout simplement parce que ces deux mots ont une origine tout à fait différente.  En effet, le plat "la daube", vient de l'italien "dobba" qui signifie "marinade".  En revanche, "c'est de la daube" est une expression argotique qui tire son origine de l'ancien français "dauber" qui sgnifiait au sens propre "frapper", et au sens figuré : "se moquer, railler, dénigrer" ( Je les dauberai tant en toutes rencontres, qu'à la fin ils se rendront sages . (Molière,  Critique de l'école des femmes )), et dont l'origine est tout à fait o...

Avocat du diable

Se faire l'"avocat du diable", c'est prendre une position contraire à sa propre opinion afin de se forcer à regarder une réalité sous un autre angle et défendre un point de vue contraire. Mais ce que l'on sait moins, c'est que les avocats du diable (advocatus diaboli)ont réellement existé! En 1587, sous Sixte V, l'avocat du diable était chargé de plaider contre la canonisation des futurs saints ou bienheureux. En effet, chaque canonisation faisait l'objet d'un "procès" lors duquel les miracles étaient étudiés, et la qualité de saint mise à l'épreuve. Ce poste a perduré jusqu’en 1983, date à laquelle Jean-Paul II a allégé les procédures de canonisation et supprimé cette fonction, conduisant par là-même à une augmentation très forte du pourcentage de canonisations au regard des dossiers instruits.