Faire tintin

Découvrez l'origine de l'expression "Faire Tintin".

Mots de l'année 2015

Le mot de l'année 2015 a déjà été choisi!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons

Ces quelques mots de la Marseillaise font polémique. Découvrez pourquoi.

Nouveaux mots

Le Larousse 2016 a dévoilé ses nouveaux mots!

Optimismer

Avec Carrefour, avant, on positivait. En 2015, on "optimisme"!

lundi 31 mars 2014

Roboratif

Voilà un mot que l'on confond facilement, par proximité phonique, avec "bourratif", "rébarbatif" , ou un robot à cheveux (un robot "à tif").Des mots négatifs, donc.


Peu utilisé (faites le test et demandez autour de vous ce que signifie ce mot), ou utilisé à mauvais escient par les journalistes, ce mot signifie : "Fortifiant". On dit d'un remède qu'il est roboratif quand il fortifie, redonne des forces. C'est donc un mot positif, utilisé souvent à tort comme un terme péjoratif!

Le mot "roboratif" a été construit à partir du mot disparu "roborer" qui signifiait "renforcer". "Roborer", vient du latin "robur" qui désigne le rouvre (sorte de chêne dont le bois est dur, d'où le sens figuré de fort, de résistant.
Il a d'ailleurs donné le mot robuste également.
Et "robur" vient quant à lui de la racine "rub" qui signifie "rouge" (le chêne rouvre est un chêne rouge), et qui a donné "roux", "rubicond"...

Pour compléter l'étymologie, "roboratif" est de la même famille que "corroboratif", venant du verbe corroborer (confirmer) du latin corroborare : rendre fort dans toute ses partie, renforcer.
Aujourd'hui, corroborer : renforcer en apportant une preuve (confirmer).
En italien, corroborante signifie "tonifiant".

Pour résumer :
Rub (rouge) --> robur (chêne rouvre) --> roborer (renforcer) --> roboratif (fortifiant)

Ou comment retrouver les ancêtres d'un mot en deux coups de cuiller à pot, et rétablir la vérité sur un mot victime de glissement de sens!









Pou

Le pou, c'est le cauchemar de tous les parents, surtout en cette période de rentrée scolaire!

Mais d'où vient ce mot court et rigolo, qui prend un x au pluriel, comme hibou, caillou, genou, chou?...
"Pou" vient du vieux français "püil", qui vient du latin "pediculus", signifiant "petit pied". Etonnant, pour une bestiole qui s'accroche aux cheveux? Pas tant que ça, puisqu'en fait, quand on les regarde de près, on voit que les pattes sont très crochues et permettent justement une bonne accroche.

Par extension, le pou désigne tout parasite des poisson ou des oiseaux (pou de poisson, pou de chien, par exemple), qui n'ont rien à voir avec le parasite suceur de sang qui s'attaque aux humains.

Le mot a pris un sens figuré dans la deuxième moitié du XIXème siècle pour désigner péjorativement des humains (attaque physique ou morale), ce qui a donné l'expression "Laid comme un pou", par exemple.
Fier comme un pou n'a en revanche rien à voir avec le pou. Il faut plutôt le rapprocher de "fier comme un coq", car "pou" est ici une altération de "poule". 

Plagiat : Du vol d'esclave au vol d'une oeuvre


 Le plagiat, c'est l'action de reproduire une oeuvre (musicale, littéraire, ou autre), ou une partie d'oeuvre, sans en avouer l'emprunt.

 Le mot vient du verbe plagier, qui lui-même vient du mot "plagiaire" qui désigne le coupable de plagiat et dérive directement du mot latin, «plagiarus».

 Un plagiarus était quelqu'un qui avait volé l'esclave d'un autre ou quelqu'un qui vendait en esclave un homme libre. Par extension, le mot a désigné par la suite les voleurs d'enfants jusqu'au XVIème siècle. Mais dès le premier siècle après JC, sous la plume de l'écrivain Martial Valère, le mot est "plagiaire" est déjà utilisé pour désigné le vol de vers, à une époque où l'on s'écharpait déjà sur les droits d'auteurs...

La violence de l'insulte n'a d'égal que la haine que les auteurs avaient de leurs plagiaires!

samedi 29 mars 2014

Joli

Le mot joli, utilisé aujourd'hui comme plus ou moins synonyme de "beau" trouve son origine... en Suède!

Retraçons le parcours très particulier de ce mot pourtant usuel :


  1.  Joli trouve son origine du vieux scandinave  "Jôl", fête de la mi-hiver, correspondant à la Noël.
  2. Ensuite, le mot est arrivé en français sous la forme "jolif", qui signifiait "lascif", sous-entendu que cette fête était un synonyme de débauche.
  3. Le sens du mot "Jolif" s'est ensuite affaibli au cours du Moyen-âge, pour signifier "galant" (joli coeur, par exemple), donc agréable à regarder, d'où le sens actuel. 

mercredi 26 mars 2014

Nouveaux mots de la semaine



Dans le cadre de la Semaine de la langue Française et de la Francophonie, un concours a été organisé pour élire de nouveaux mots. 3000 participants se sont prêtés au jeu, et voici les gagnants :

  •  Escargoter : Prendre son temps. 
  •  Se mémériser : (verbe pronominal, 1er groupe) Se vieillir au moyen d'habits hors d'âge. 
  •  Tôtif : Le contraire de tardif : un réveil tôtif ; et l'adverbe dérivé : tôtivement. 

On notera tout de même que l'Académie française n'intègre dans son Dictionnaire que les mots validés par l'usage, ce qui n'est pas encore le cas des mots mentionnés ci-dessus. Elle ne peut donc prendre en compte des créations lexicales qui, aussi amusantes soient-elles, relèvent plus du jeu de mot, (et cette expression n'est en rien péjorative), que de la terminologie.


Parmi les mots qui été nommés, voici la liste complète, n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez! :

  • Afrancien : (n. et adj.) Français d’origine africaine ou Africain de France (ethnologie). Qui est propre aux Français d’origine africaine. Relatif aux Français d’origine africaine. 
  • Bussoter : Attendre le bus. Krealinker : Partager une idée créative sur un support de communication virtuel (réseau social, forum…). 
  •  Escargoter : Prendre son temps. 
  •  Gremcher : Faire son grincheux boudeur. 
  •  Lalaliser : (verbe du 1er groupe) 1. Chanter « la la la » quand on ne peut pas se rappeler les paroles. « Tu connais cette chanson, c’est la la la la … ». 2. Utiliser trop souvent l’expression « Oh là là ». « Il m’énerve, il lalalise sans cesse. » 3. Traiter avec légèreté. « Il ne faut pas lalaliser ce problème. »
  • Cordiamicalement : Contraction de « cordialement » et « d’amicalement ». Formule de politesse se plaçant en fin de texte avant son propre nom. A utiliser quand la relation avec la personne visée, sans être déjà amicale, est toutefois plus que simplement cordiale. 
  •  Jeudredi : (nom masculin) S’emploie à la place de jeudi. Façon de positiver la fin de semaine en renommant le jeudi : plus tout à fait jeudi mais pas encore vendredi. Peut également être employé pour accélérer la venue du week-end. Ex. « Superchouette, aujourd’hui c’est jeudredi ». 
  •  Maisnif : Odeur caractéristique d’une maison. 
  •  S’enrêver : S’embarquer dans un rêve éveillé (en général contre son gré…). 
  • Textoter : (verbe) Communiquer par texto. Ex : Il textote sans arrêt avec ses amis. 
  •  Se mémériser : (verbe pronominal, 1er groupe) Se vieillir au moyen d'habits hors d'âge. Ex : Elle pourrait être jolie si elle ne prenait tant de soin à se mémériser. 
  •  Se miroiriser : Se regarder dans le miroir. 
  • Scolarophobie : (nom féminin) Phobie de l’école . 
  •  Shopivore : (nom masculin et adj.) Se dit de quelqu'un qui est addict au shopping. Ex : Il passe son temps dans les magasins ! C'est un véritable shopivore. 
  •  Uhuter : (verbe transitif) Coller avec de la colle en bâton. 
  •  Empreinter : Emprunter des chemins où on laisse son empreinte. 
  •  Saladiner : (verbe intransitif, 1er groupe) Manger une salade au dîner. Ex : Maman, je saladine avec mes copines aujourd'hui ! 
  •  Flemmitude : (n.f.) Attitude molle qui consiste à traîner les pieds et à vouloir rester dans son lit. Ex : Cet élève fait preuve d'une trop grande flemmitude, dit le professeur. 
  •  Peurophobie : (nom féminin) La peur d'avoir peur. Mamimosas : Grand-mère qui adore les fleurs.
  • Accordéontologie : Morale élastique. 
  • Mondemoisil : Titre donné aux jeunes garçons et hommes non mariés (même principe que pour mademoiselle, sauf que le « ma » et le « elle » ont été mis au masculin). 
  •  Marmoufler : Pantoufler comme une marmotte (ou marmotter comme une pantoufle) pendant un ou plusieurs jours d’affilée. 
  •  Baïe-baïe : Se quitter avec un pincement au cœur. Douleur provoquée par la séparation. 
  •  Vexpresso : Etat d’une personne qui se vexe instantanément avec ou sans sucre. 
  •  Malabarbe : Homme barbu. 
  •  Esquivarder : Bavarder pour esquiver une tâche ennuyeuse. 
  •  Tôtif : Le contraire de tardif : un réveil tôtif ; et l’adverbe dérivé : tôtivement… 
  • Adverboulimique : (adj. ou nom.) Se dit d’un rédacteur qui fait un usage excessif des mots modalisateurs. C’est un auteur très, trop, si, tant, tellement, plus… un véritable adverboulimique.

lundi 24 mars 2014

Gueux : du fripon au pauvre


Le mot "gueux" est aujourd'hui un mot très peu usité dans le langage courant, mais dont la plupart des gens perçoit le sens. Le gueux, c'est un misérable, un homme crasseux vivant dans la mendicité, et on associe souvent ce mot à la période du Moyen-âge. Parcourons ensemble son origine :

  1. A l'origine, le mot vient du néerlandais "Guit", qui signifiait "fripon"
  2. De là, le mot a pris le sens de "clochard", sous-entendu qu'une personne malhonnête était forcément une personne sans le sou,
  3. Par extension, le mot a ensuite désigné les pauvres en général. (pour les monarchiste, la "gueuse"était aussi le surnom donné à la République)
Ou comment le vocabulaire que nous utilisons est fortement influencé par des associations qui ne sont pas forcément du meilleur goût!

Malgré que

Combien de fois n'avez-vous pas été repris  par votre interlocuteur lorsque vous avez laissé échappé un "malgré que"?

L'Académie Française accepte cet usage, mais uniquement avec l'emploi du verbe avoir (au subjonctif), dans le sens de "en dépit de ma volonté", ce qui donne par exemple : "malgré que j'en aie".
Exemple : Elle ne put cacher son dépit, malgré qu’elle en eût
Cet usage ne se fait que dans un langage soutenu, on l'aura compris. On ne l'utilisera donc jamais dans le sens de "bien que". 

samedi 22 mars 2014

Bâbord et tribord

En marine, on ne dit pas "à gauche" et "à droite", mais "bâbord" et "tribord" (quand on regarde vers l'avant).

Bâbord (dont l'accent circonflexe n'est plus prononcé aujourd'hui), vient du néerlandais "bakboord" :
  • Bak : le dos
  • boord : le bord
Donc le bord auquel on tourne le dos. Cela vient du fait que chez les marins néerlandais, il y a longtemps, le pilote de chaloupe gouvernait avec une godille fixée au côté droit du bateau et tournait donc le dos au côté gauche. En Français, le mot s'est transformé en bas-bord (par proximité phonique), puis en basbord et enfin en bâbord (d'où l'accent circonflexe, le "as" avant une consonne générant un accent circonflexe)


Tribord, lui, vient également du néerlandais. S
tierboord :

  • stier : le gouvernail
  • boord : le bord
Donc le côté où le gouvernail se trouvait, c'est-à-dire la droite car le gouvernail s'y trouvait, sur les bateaux où il n'y avait pas de godille. 




vendredi 21 mars 2014

Marcher et fonctionner


Dialogue connu :
Vous : La télé marche à nouveau!
L'autre : On ne dit pas "marcher", on dit "fonctionner". Une télé n'a pas de jambes! (haussement d'épaules)

Si vous avez déjà vécu cela (et c'est mon cas), vous pouvez vous référer au Dictionnaire de l'Académie Française :

Marcher. En parlant d'un objet. Être en mouvement, en fonctionnement, en service […] Faire marcher un appareil, en assurer le fonctionnement. Cette horloge marche bien marche mal, ne marche plus.

Ce sens est attesté depuis le 17e siècle. On le trouve dans Le Menteur de Corneille et c'est une forme validée à la fois par l'usage et les meilleurs grammairiens. Ne vous laissez plus...marcher sur les pieds! :)

"Autant pour moi", ou "au temps pour moi"?


"Autant pour moi", ou "au temps pour moi" fait partie de ces expressions qui divisent et suscitent le débat, chacun étant convaincu de savoir comment l'orthographier correctement.


  • Selon l'Académie Française, la graphie correcte est "Au temps pour moi", l'expression trouvant sa source dans le vocabulaire militaire, et rien ne justifie l'utilisation de la graphie "autant pour moi" :
    Il est impossible de savoir précisément quand et comment est apparue l’expression familière au temps pour moi, issue du langage militaire, dans laquelle au temps ! se dit pour commander la reprise d’un mouvement depuis le début (au temps pour les crosses, etc.). De ce sens de C’est à reprendre, on a pu glisser à l’emploi figuré. On dit Au temps pour moi pour admettre son erreur – et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.
  • En effet, un temps, c’est le « moment précis pendant lequel il fait faire certains mouvements qui sont distingués et séparés par des pauses", ce qui a donné l'expression :"en deux temps trois mouvements".

     
  • Mais d'éminents linguistes, parmi lesquels Claude Duneton (historien du langage) qui explique ainsi que l'expression est un raccourci de "c'est autant pour moi" et s'appuie sur la version anglaise de l'expression : 
    « [...] Autant pour moi est une locution de modestie, avec un brin d’autodérision. Elle est elliptique et signifie : Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi. La locution est ancienne, elle se rattache par un détour de pensée à la formule que rapporte Littré dans son supplément : Dans plusieurs provinces on dit encore d’une personne parfaitement remise d’une maladie : il ne lui en faut plus qu’autant [...] elle n’a plus qu’à recommencer. » « Par ailleurs, on dit en anglais, dans un sens presque analogue, so much for... « Elle s’est tordu la cheville en dansant le rock. So much for dancing ! » (Parlez-moi de la danse !) So much, c’est-à-dire autant.
    [...]  Le temps ici n’a rien à voir à l’affaire. Du reste on dit très rarement autant pour toi, ou autant pour lui, qui serait l’emploi le plus « logique » s’il y avait derrière quelque histoire de gesticulation. « Par les temps qui courent, j’ai gardé pour la fin ma botte secrète, de quoi clore le bec aux supposés gymnastes et adjudants de fantaisie dont jamais nous n’avons eu nouvelles. Dans les Curiositez françoises d’Antoine Oudin publié en l’an de grâce 1640, un dictionnaire qui regroupe des locutions populaires en usage dès le XVIe siècle, soit bien avant les chorégraphes ou les exercices militaires on trouve : Autant pour le brodeur, « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit ».

Vous avez donc le choix, ne vous prenez pas la tête avec cette expression car nous ne saurons probablement jamais son origine exacte! 

jeudi 20 mars 2014

Efficace ou efficient?




Il est difficile aujourd'hui de savoir si l'on doit dire "efficace" ou "efficient". Tentons de clarifier un peu cette affaire.

L'efficacité, c'est l'aptitude d'une personne à accomplir sa tâche avec succès, à réussir dans ses entreprises. Le mot vient du latin "efficacitas", qui voulait dire : "force, vertu, efficacité", donc le sens n'a pas vraiment évolué au travers des âges.

L'efficience, en revanche, c'est la capacité d'agir en produisant un effet attendu, en parlant d'une organisation, d'un système, d'une machine. C'est un néologisme (du XIXème siècle, donc pas si nouveau que ça), qui nous vient de l'Anglais "efficiency" qui lui-même vient du latin efficientia: "faculté de produire un effet ; puissance, propriété".

Pour définir la compétence ou la qualité professionnelle d'une personne, on dira donc qu'elle est efficace. On parlera en revanche d'un système politique efficient.

vendredi 14 mars 2014

Faire buisson creux

Voilà une jolie expression que j'ai apprise grâce à Bernard Pivot : "Faire buisson creux", qui signifie "échouer dans ses recherches". Il faut chercher son origine dans le vocabulaire de la vènerie.

"Faire buisson creux", c'était trouver le buisson (terme utilisé pour désigner les taillis, les arbustes) vide lorsque l'on était à la recherche de gibier, tout simplement!


Pour le plaisir, une petite citation d'Antoine Furetière (lexicographe et romancier du XVIème siècle), pour compléter le propos :
« On dit aussi, qu'on a trouvé buisson creux lors qu'on n'a pas trouvé en une affaire ou en un lieu, ce qu'on esperoit d'y rencontrer. Ce proverbe est figuré, et tiré de la chasse, où on dit qu'on a trouvé buisson creux, quand on n'a rien trouvé, ou qu'un cerf s'en est allé de l'enceinte. »

mercredi 12 mars 2014

Nyctalope

Le mot "nyctalope" désigne aujourd'hui une personne ou un animal qui voit bien la nuit.

Mais lorsque l'on fait une petite recherche étymologique, on se rend compte que ce mot a eu jusqu'au XIXème siècle 2 significations...totalement opposées!

Le mot "Nyctalops", en latin, est attesté dans les deux sens "celui qui ne voit pas la nuit", et également "celui qui voit bien la nuit", une confusion qui s'est perpétuée au fil des siècles, dans la langue Française.

 Ce n'est qu'au début du XIXème siècle que l'on a résolu ce problème, en choisissant l'un des deux une bonne fois pour toutes: Nyctalope sera celui qui voit bien la nuit. Mais en Anglais, Nyctalopic signifie : "qui ne voit pas la nuit". Vous voulez un peu d'aspirine?


Puisque l'on parle de nyctalopie, je ne peux pas résister à l'envie de vous faire part d'une anecdote : Saviez-vous que le bandeau noir sur l'oeil des pirates servait non pas à cacher un oeil crevé, mais à favoriser la nyctalopie?
En effet, les marins (et pas seulement les pirates, d'ailleurs) avaient compris qu'un oeil non habitué à la lumière développe la faculté de mieux voir dans l'obscurité. En cachant un oeil, ils pouvaient ainsi améliorer leur vision nocturne!

mardi 11 mars 2014

Les "simples de la mer"

Lors de l'émission Top Chef du 10 mars 2014, les candidats ont été invités à travailler les "simples de la mer", donc les abats de poisson (laitances, foie, joues, voire...les écailles), au prétexte que "dans le temps", les marins n'avaient d'autre choix que de manger le poisson sans rien en jeter, car la nourriture était rare (je veux bien qu'ils fassent attention à ne pas gaspiller les légumes ou les fruits, mais le poisson...ce n'est pas comme si la ressource manquait quand on est en mer, mais bref.).


Je n'avais jamais entendu parler de cette expression "les simples de la mer", donc je me suis renseigné auprès de l'Académie Française. Voilà leur réponse :
Elle ne figure dans aucun des dictionnaires que j'ai consultés, et parmi ceux-ci figuraient pourtant des dictionnaires de cuisine.
Tout ça pour dire que Top Chef nous a une fois de plus gratifiés d'une de ces expressions inventées de toutes pièces par des chefs friands d'un vocabulaire qui leur donne de l'importance. 

lundi 10 mars 2014

Gorille


En 1847, deux missionnaires américains (Wyman et Savage) reçurent deux crânes appartenant à une espèce de grands singes. Ils appelèrent ces animaux, « gorilles », en référence à un texte relatant les aventures de l'amiral Carthaginois Hannon, au Vème siècle avant JC, qui s'était enfoncé en Afrique à la recherche de routes commerciales. Voici la traduction de ce texte, dont les spécialistes doutent de l'authenticité d'ailleurs (ce qui n'empêche qu'il aura été une référence pendant longtemps).
A l'extrémité de cette baie, se trouvait une île plus grande que la première, avec un lac où se trouvait une autre île remplie de singes. Il y avait un beaucoup plus grand nombre de femelles dont les corps étaient velus, et nos interprètes les appelaient des gorii (gorilles). Essayant de les poursuivre, nous ne parvînmes à attraper aucun mâle, car ils étaient tous habitués à escalader les précipices. Ils s'enfuirent en nous envoyant des pierres pour protéger leur retraite. Mais nous attrapâmes trois femelles qui mordirent et griffèrent ceux qui les portaient, car elles ne voulaient pas les suivre. Nous les tuâmes alors, et les dépeçâmes. Nous ramenâmes leurs peaux à Carthage, car nous arrêtâmes là notre navigation, notre ravitaillement étant épuisé"
Gorii signifie en wolof du Sénégal "Ce sont des hommes", de la racine "gor", signifiant "homme".
Il est amusant de constater que le sens du mot s'est étendu, fin XIXème, pour désigner un homme sale, puis dans les années 50 pour désigner les gardes du corps, donc...des hommes.

Source

vendredi 7 mars 2014

Fimo

La pâte FIMO est une pâte polymère qui permet de façonner des objets décoratifs (bijoux faits-main, décorations,...)  par modelage, et qui se solidifie à la cuisson.

Inventée en 1939, elle a été commercialisée en 1954 sous la marque FIMOIK :

  • de Fifi (le surnom de son inventrice Sophie Krüse)
  • MO (de modelage - Modellieren, en Allemand)
  • IK (dernière syllable mosaïque  Mosaïk, en Allemand). 
Par facilité, et pour des raisons de sonorité, le nom de la marque a évolué en FIMO.

FIMO fait donc partie de ces nombreuses marques qui sont rentrées dans le langage courant, comme Scotch, Karcher ou Caddie par exemple. Une petite liste ici

Pour voir de très jolies créations en FIMO, n'hésitez pas à visiter ce super blog créatif !




Pourquoi les chemises des hommes sont différentes de celles des femmes?


L'avez-vous remarqué? Les chemises des hommes ont les boutons cousus à droite, alors que celles des femmes ont les boutons cousus à gauche (regardez bien la photo!).

Il existe une réponse toute simple à cette particularité : Lorsque les boutons sont apparus sur les chemises (XVIème siècle), les hommes se vêtaient eux-mêmes, et les femmes riches étaient habillées par des servantes.

La majorité des hommes étant droitiers, il était donc plus facile de placer le bouton à droite de la chemise. Les servantes (en majorité droitières), quant à elles, se plaçaient en face de leur maîtresse, et il était donc plus facile que le bouton soient à gauche.

mercredi 5 mars 2014

Frontière

La racine du mot "frontière" se trouve dans le mot latin "frons, frontis", qui a donné le mot "front".

Le Dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle porte son attention sur les deux sens du mot "front" :

  •  la partie du visage au dessus des sourcils
  •  la situation élevée ou avancée d'une chose
Dans ce sens, le front peut se référer au sommet d'une montagne, ou alors au devant d'un ensemble. Par extension, ce sont les soldats en position de bataille, prêts à affronter l'ennemi. Du coup, la notion de "front" contient la notion sous-jacente d'une ligne avancée ayant à faire face à un opposant, l'avant-poste : Il y a une connotation militaire forte qu'on retrouve dans les mots dérivés de "front", comme frontière, par exemple.

Le sens moderne de frontière, apparu au XlVe siècle, semble être issu de l'ancien adjectif  "frontier" qui signifie "qui fait face à, voisin". L'adjectif  "frontalier" est apparu quant à lui en 1730 (précisément), suite aux négociations autour de la lige séparatrice entre la France et l'Espagne. Il est emprunté au gascon "frountalié", habitant de zone frontière.

Au sens figuré, "frontière" exprime la séparation entre deux domaines différents ou en opposition. La connotation belliqueuse et militaire du mot "frontière", la "limite" où des forces s'affrontent et se définissent dans leur affrontement s'efface peu à peu dans l'évolution linguistique du mot, en privilégiant le sens d'une virtualisation de la "limite", comme ligne abstraite (ou liée à des conditions géographiques, comme les rivières, les montagnes...) qui sépare deux territoires voisins-limitrophes. Toutefois, le sens antérieur (militaire) reste associé au mot, laissant dans l'imaginaire collectif l'idée que la frontière est associée à un combat...

Je n'ai pas pu résister à ajouter quelques photos très marquantes. 


Frontière entre Haïti (à gauche), et la République Dominicaine (à droite). Ou deux façons de gérer la déforestation...




Frontière naturelle entre 3 pays
Frontière entre l'Ethiopie et la Somalie (vue de la Somalie)

Frontière entre la Belgique et les Pays-Bas (maison coupée en deux?)

Frontière entre le Mexique (à gauche) et les Etats-Unis

Frontière entre la Hongrie, la Slovaquie et l'Autriche. Autour d'une table de pique-nique, sympa, non?

lundi 3 mars 2014

Nominé, nommé

A l'heure des Oscars, César et autres récompenses, on entend souvent parler de "nominés" et de "nommés".

Certains tentent de leur donner une différence : le nominé ferait partie d'une liste d'éligibles aux prix, et le nommé serait le gagnant dudit prix. C'est faux. Nominé est un anglicisme calqué sur l'anglais "nominate".

Non seulement "nominé" ne fait l'objet d'aucune entrée dans le Dictionnaire de l'Académie française, mais l'article "nomination" ajoute au sens "le fait d'être mentionné dans la sélection d'un concours d'une compétition", la recommandation suivante : "Aucun verbe français autre que "nommer" ne correspondant à "Nomination", on s'interdira d'employer l'américanisme "Nominer". 




dimanche 2 mars 2014

Supercondriaque

Le titre du nouveau film de Dany Boon interpelle. D'emblée, il fait penser à hypocondriaque, qui désigne les personnes se préoccupant de leur santé de manière abusive, et qui s'estiment très souvent malades, le plus souvent à tort. Le mot hypocondriaque vient du grec "hypos" (au dessous) et "khondros" (le cartilage des côtes"), et désignait au XVIème siècle les malades se plaignant de douleurs sous les côtes, et par extension, des malades imaginaires puisque les médecins ne pouvaient examiner cette partie du corps.
On comprend donc que Supercondriaque est un néologisme qui ne veut absolument rien dire du tout (au-dessus du cartilage des côtes), et qui est plutôt un jeu de mot qui mise sur le préfixe "super" pour faire penser aux super-héros tels que "Superman", et fait une contraction entre Super et Hyponcondriaque. Le supercondriaque serait donc un "super malade imaginaire", pour Dany Boon.

samedi 1 mars 2014

Chips

Le mot "chips" (toujours utilisé au pluriel, on ne dit jamais "une chip") désigne une tranche de pomme de terre très fine, et frite. Le mot est apparu dans la langue française en 1916, en  même temps que les anglais apportaient cette préparation sur le front (les chips se conservent très bien), pendant la Première Guerre Mondiale, et vient de l'anglais "chip" qui signifie "éclat, copeau". En Angleterre, on appelle les chips "crisps" (et au Québec : croustilles, ce qui est la traduction directe de crisp).

Selon Wikipedia, "L'invention des chips est attribuée à George Crum, un chef cuisinier au Moon Lake Lodge à Saratoga Springs (New York), le 24 août 1853. C'est à cause d'un client particulièrement exigeant que George Crum mit au point malgré lui ce qui allait devenir les amuse-gueules les plus répandus au monde. Pour la deuxième fois de suite, le client refuse son assiette de frites, trop épaisses à son goût. Énervé, le chef George Crum décide non plus de tailler les pommes de terre mais de les émincer en tranches aussi fines que possible.George Crum décide même d'en faire sa spécialité et de les inscrire sur sa carte. Ils devinrent une spécialité nommée selon le nom du village, Saratoga Chips"