vendredi 21 mars 2014

"Autant pour moi", ou "au temps pour moi"?


"Autant pour moi", ou "au temps pour moi" fait partie de ces expressions qui divisent et suscitent le débat, chacun étant convaincu de savoir comment l'orthographier correctement.


  • Selon l'Académie Française, la graphie correcte est "Au temps pour moi", l'expression trouvant sa source dans le vocabulaire militaire, et rien ne justifie l'utilisation de la graphie "autant pour moi" :
    Il est impossible de savoir précisément quand et comment est apparue l’expression familière au temps pour moi, issue du langage militaire, dans laquelle au temps ! se dit pour commander la reprise d’un mouvement depuis le début (au temps pour les crosses, etc.). De ce sens de C’est à reprendre, on a pu glisser à l’emploi figuré. On dit Au temps pour moi pour admettre son erreur – et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.
  • En effet, un temps, c’est le « moment précis pendant lequel il fait faire certains mouvements qui sont distingués et séparés par des pauses", ce qui a donné l'expression :"en deux temps trois mouvements".

     
  • Mais d'éminents linguistes, parmi lesquels Claude Duneton (historien du langage) qui explique ainsi que l'expression est un raccourci de "c'est autant pour moi" et s'appuie sur la version anglaise de l'expression : 
    « [...] Autant pour moi est une locution de modestie, avec un brin d’autodérision. Elle est elliptique et signifie : Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi. La locution est ancienne, elle se rattache par un détour de pensée à la formule que rapporte Littré dans son supplément : Dans plusieurs provinces on dit encore d’une personne parfaitement remise d’une maladie : il ne lui en faut plus qu’autant [...] elle n’a plus qu’à recommencer. » « Par ailleurs, on dit en anglais, dans un sens presque analogue, so much for... « Elle s’est tordu la cheville en dansant le rock. So much for dancing ! » (Parlez-moi de la danse !) So much, c’est-à-dire autant.
    [...]  Le temps ici n’a rien à voir à l’affaire. Du reste on dit très rarement autant pour toi, ou autant pour lui, qui serait l’emploi le plus « logique » s’il y avait derrière quelque histoire de gesticulation. « Par les temps qui courent, j’ai gardé pour la fin ma botte secrète, de quoi clore le bec aux supposés gymnastes et adjudants de fantaisie dont jamais nous n’avons eu nouvelles. Dans les Curiositez françoises d’Antoine Oudin publié en l’an de grâce 1640, un dictionnaire qui regroupe des locutions populaires en usage dès le XVIe siècle, soit bien avant les chorégraphes ou les exercices militaires on trouve : Autant pour le brodeur, « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit ».

Vous avez donc le choix, ne vous prenez pas la tête avec cette expression car nous ne saurons probablement jamais son origine exacte!