Faire tintin

Découvrez l'origine de l'expression "Faire Tintin".

Mots de l'année 2015

Le mot de l'année 2015 a déjà été choisi!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons

Ces quelques mots de la Marseillaise font polémique. Découvrez pourquoi.

Nouveaux mots

Le Larousse 2016 a dévoilé ses nouveaux mots!

Optimismer

Avec Carrefour, avant, on positivait. En 2015, on "optimisme"!

mardi 24 décembre 2013

Coléreux, Colérique


Coléreux et colérique ont un sens en commun : "qui est enclin à la colère, prompt à se mettre en colère".

Mais Colérique a un emploi supplémentaire : il peut se dire, par métonymie, de propos, d'un ton de voix, alors que Coléreux ne peut désigner que le caractère d'une personne.

Comment ce double s'est-il formé ? Le plus ancien mot est colérique (XIIIe s.) et il reste attaché à une analyse plus savante et physiologique des humeurs. Le plus récent est coléreux (XVIe s.) jugé vulgaire au XVIIe s., mais qui est devenu l'adjectif usuel. 

vendredi 20 décembre 2013

Selfie

On entend aujourd'hui beaucoup parler d'un nouveau mot (anglicisme) : le "selfie", qui désigne une photo de soi que l'on prend soi-même.

Mais quel mort pourrait-on utiliser à la place de ce barbare "selfie"?

 Ma réponse : Autoportrait.

En effet, rien ne dit dans le mot par quel medium ou dans quel art la personne donne un portrait d'elle-même; en outre, nous pouvons citer de grands artistes, tels Luc Boltanski ou Diane Arbus, qui ont pratiqué l'autoportrait en photographie.

Vous me direz : C'est peut-être faire beaucoup d'honneur à cette pratique à la mode, mais au moins le mot est juste. Le terme a été d'ailleurs adopté par l'Office québécois de la langue française (voir le Grand Dictionnaire terminologique en ligne http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/) en équivalent de « selfie », qui propose également ce mot amusant d'"Egoportrait" (Le terme égoportrait est formé d'égo-, « soi-même », et de portrait. Il souligne le côté égocentrique et la valorisation de soi-même propres à l'autoportrait.)

lundi 16 décembre 2013

Ananas

Le mot "Ananas" nous vient du portugais "anana", qui lui même provient tout droit du Tupi-Guarani (groupe de langues d'Amérique du Sud)  "nanas" ou "ananas".
C'est donc la colonisation portugaise du XVIème siècle qui a donc fait travers le mot d'Amérique du Sud en Europe.

On notera que dans d'autres langues, comme l'Anglais ou l'Espagnol, on préfère à ce mot un dérivé du mot "pin" :

- Pineapple signifie littérallement "pomme de pin" (le fruit du conifère) car on estimait que les ananas ressemblaient aux pommes de pins- alors que d'un point de vue botanique c'est un non-sens. La "pomme de pin" se dit aujourd'hui "pine cone" en anglais.

- Piña désigne également la "pomme de pin", ce qui a donné le nom à la Piña colada.

mardi 10 décembre 2013

Armor Lux

Tout le monde connaît les produits Armor Lux, notamment grâce à la fameuse marinière Bretonne qui a tant de succès, et maintenant grâce aux bonnets rouges.

Mais savez-vous d'où vient le nom de cette entreprise ?

En 1938, un Suisse fasciné par les pays Celtes et directeur d'une bonnetterie(Walter Hubacher) et un Breton (Charles Perrenot) qui travaillaient tous deux à Belfort décident de s'implanter en Bretagne, à Quimper pour créer leur entreprise, car la région est très éloignée des conflits qui se préparent à l'Est, et qu'un autre Breton propose son aide financière. La société s'appellera : "La bonnetterie d'Armor" (et s'appelle toujours ainsi aujourd'hui), et aura pour marque "Armor-Lux" (lumière de Bretagne, et jeu de mot avec "luxe", car l'objectif était de produire des sous-vêtements haut de gamme). Les débuts seront assez difficiles, à cause de la pénurie et des Allemands qui voulaient réquisitionner les métiers à tisser, mais Hubacher a fait jouer sa nationalité suisse et la neutralité de son pays pour conserver les biens de l'entreprise, ce qui a permis à la Bonnetterie d'Armor de survivre à la guerre (sans collaborer).

Sources : http://www.quimper.maville.com/actu/actudet_-Michel-Perrenot-le-fils-d-un-des-trois-fondateurs-se-souvient-des-premieres-annees-_-732797_actu.Htm

Bonnet


En ce moment, les "bonnets rouges" font beaucoup parler d'eux. Mais d'où vient le mot "bonnet"?

A l'origine (au XIIème siècle, car il est difficile de remonter plus loin pour connaître l'étyomologie),  le bonnet désignait "l'étoffe servant à faire des coiffes", puis est devenu par réduction de sens (voir l'article sur les glissements de sens) la coiffure simple sans bord ni visière que nous connaissons aujourd'hui.
L'expression "gros bonnet", vient du fait que le mot bonnet a étendu son sens au XVIème siècle pour devenir le symbole d'une profession.

lundi 2 décembre 2013

Avent


Le 1er décembre était l'occasion de sortir les calendriers de l'Avent.

L'Avent, ce sont les quatre semaines qui précèdent Noël, pendant lesquelles l'Église catholique se prépare à cette fête (du 1er au 24 décembre, donc). Avent est emprunté du latin "Adventus", qui signifie "avènement, arrivée" (rien à voir avec le mot "avant", donc), et qui était employé pour parler de l'arrivée du Christ au IIème et IIIème siècles. Ce n'est qu'au IVème et Vème siècles que l'Avent est devenu la période liturgique précédent Noël. 

mercredi 27 novembre 2013

Grog


C'est l'hiver, il fait froid, et beaucoup de gens aiment se réchauffer en prenant un bon grog. Mais savez-vous d'où vient ce breuvage, et quelle est l'origine du mot?

Pour cela, il faut remonter en 1740, à bord des navires de la Royal Navy. Voilà l'histoire.

Lors de longs voyages, les besoins en eau représentaient des quantités considérables. Étant donné qu’il n’était pas pratique de distiller de l’eau de mer, des barils d’eau claire étaient embarqués. Malheureusement, des algues s’y développaient très vite, rendant l’eau inconsommable. On ajoutait alors de la bière ou du vin à l’eau stagnante afin de la rendre buvable, mais cela nécessitait d’embarquer encore plus de barils d’alcool dont la qualité s'altérait elle aussi. Tandis que les longs voyages se multipliaient entre l'Angleterre et les Amériques, l’emmagasinage devint un problème de plus en plus important dans la mesure où la ration de bière des marins était d’un gallon (environ 4 litres) par jour. Après la conquête de la Jamaïque par la Grande-Bretagne en 1655, la bière et le brandy furent graduellement remplacés en tant que boissons privilégiées par une demi-pinte de rhum. Celui-ci était donné pur aux marins, ce qui causa des problèmes supplémentaires, car certains marins mettaient leurs rations de côté pendant plusieurs jours en vue de tout boire d’un coup.

En raison des problèmes de santé et de discipline qui en résultaient, l’amiral le plus haut gradé de la Royal Navy, Edward Vernon (surnommé “Old Grog” car il s'habillait avec des vêtements en tissus de Grogram, mélange de soie et de laine) ordonna en 1740 que le rhum soit dilué avec 4 fois sa mesure en eau, et servi en deux fois sur une journée. Cette opération avait le double avantage de réduire les effets du rhum et d’en accélérer le processus d’altération de façon à éviter que les marins constituent des réserves. Pour améliorer le goût de ce breuvage, il décida d'ajouter du citron, ce qui eut pour effet inattendu de lutter contre le scorbut, maladie qui touchait beaucoup les marins.

Cette disposition fut incluse dans le règlement officiel de la Royal Navy en 1756 et fut la norme jusqu'en 1970. 

mardi 26 novembre 2013

Nominer ou nommer?

A l’occasion des remises de prix (oscar, césar,Miss, prix littéraires), le mot "nominé" revient dans la presse ou à la télévision. Il faut savoir que ce mot est un usage fautif doublé d'un anglicisme. Pour désigner une personne retenue dans une sélection, il est donc préférable d'utiliser les termes "sélectionné" ou "nommé".

lundi 25 novembre 2013

Osef

Il n'est pas rare de voir sur des forums le mot "osef". Cet acronyme, typique de la culture web (ce que l'on appelle des "mèmes"), signifie tout simplement "On S'En Fout"

Natalophobie - la peur de Noël

Ces temps-ci, on entend parler dans les magazines de la "Natalophobie", qui serait la peur que provoquerait chez certains les fêtes de Noël, la "paternatalophobie" étant la peur des pères Noël, bien évidemment). C'est l'occasion pour les journalistes de faire des articles ou des reportages amusants.

Toutefois, cette phobie n'existe pas et n'est répertoriée chez aucun psychiatre : elle n'est qu'une invention doublée d'un jeu de mots, à l'instar de hippopotomonstrosesquippedaliophobie. De nombreuses personnes s’amusent en effet à former des noms composés à partir de racines grecques ou latines. Les formes avec les suffixes –phobie et –philie semblent particulièrement productives.

Mais ce type d’agglutination, assez fréquent dans la langue scientifique, ne correspond pas à l’usage du français courant, qui préfère les tours prépositionnels. Certaines langues comme le grec ou l’allemand ont plus recours à la soudure de différents composants. C’est ce qui explique que l’allemand a des mots de plus de trente lettres dont le fameux rind/fleisch/etiket/tier/ungs/über/waschungs/aufgaben/über/tragungs/gesetz, mot de 63 lettres qui signifient simplement « loi sur le transfert des obligations de surveillance de l’étiquetage de la viande bovine » ! On regrettera la disparition de ce mot, apparu dans le cadre de la lutte contre la maladie de la vache folle et victime d’un changement de législation européenne en 2013.

Ajoutons pour conclure que natalophobie, mélange de grec et de latin, est un "monstre", et donc par essence incorrect (on ne mélange pas le latin et le grec!). Il aurait fallu écrire genethliophobie.


lundi 18 novembre 2013

Digital / Numérique

L’adjectif digital en français signifie « qui se rapporte aux doigts » et vient du latin digitalis, signifiant : « qui a l’épaisseur d’un doigt », lui-même dérivé de digitus, le « doigt ». En anglais, les mots digit, « chiffre », et digital, « qui utilise des nombres » sont apparus, car l'on a toujours pris pour habitude de compter avec ses doigts. Mais aujourd'hui, il est courant d'utiliser le mot "digital", en français, en remplacement de "numérique" : C'est une erreur car l'adjectif "digital" provient de deux langues différentes, et que les deux sens ne se recouvrent pas.

mardi 29 octobre 2013

Le genre des mots d'origine étrangère

Vous êtes-vous déjà demandé qui décide que les mots d'origine étrangère aient un genre masculin, ou féminin? Pourquoi on dit "un" parking et non "une parking"?
En fait Ce n’est pas l’Académie française, mais l’usage – et ce dernier est lié à un certain sentiment de la langue – qui décide du genre des mots étrangers.
Voici très sommairement, les usages qui président à l'attribution d'un genre aux mots étrangers :
- Pour les animés sexués, on dérivera le genre grammatical du genre naturel (sexe) ; exemple : la nurse, le clown, le kaiser, le kronprinz, la nixe.
- Pour les autres mots présentant soit une finale proche des finales caractéristiques d'un genre grammatical français, soit une ressemblance ou affinité sémantique avec des mots français de tel ou tel genre, l'attribution au mot étranger du genre grammatical se fera par analogie (de structure ou de sens) ; exemple : sprinter, manager, le deutsche Oper, la Totentanz.
- Pour les mots échappant aux catégories ci-dessus, le masculin, genre "non marqué", à valeur générique et, à certains égards, tenant lieu de "neutre", l'emportera, exemple les mots en -ing, comme jogging, lobbying, ou d'autres comme week-end, baby-foot, dead-heat, le kummel, le lied ou le krach.



lundi 28 octobre 2013

Grippe

Vaccin contre la grippe
Nous sommes en Octobre, c'est la saison de la grippe, et l'occasion de se pencher sur l'origine de ce mot, qui était appelé autrefois "influenza" (ce qui a donné "flu", en anglais), de l'italien "influenza di freddo" (influence du froid), à une époque où l'on ne savait pas distinguer les différentes maladies qui apparaissent lorsqu'il fait froid.

Grippe, vient du verbe "gripper", qui provient du francique "grip", et qui signifie "saisir brutalement".L'emploi de grippe au sens de maladie infectieuse vient tout simplement de ce qu'il s'agit d'une maladie qui saisit brusquement. 

Saucisse

Le mot saucisse, charcuterie salée et épicée, tire son origine du latin "salsa", qui signifie "salé" et qui a donné de nombreux dérivés, comme le mot "sauce" (sauce...salsa?). La charcuterie a pris comme nom "salsicia", puis saucisse.

On notera que le mot a glissé de sens pour désigner une personne stupide ou méchante, par métonymie, tout comme le mot...andouille.

jeudi 3 octobre 2013

Paëlla

La Paella est un plat d'origine espagnole composé de riz au safran et de légumes divers cuits avec différentes viandes, du saucisson au piment, du poisson, des crustacés et des moules.

Mais saviez-vous que l'origine de ce mot est Française?

En effet, le plat tire son nom du catalan "Paella", qui désigne la grande poêle dans laquelle on le cuisine. Mais ce mot vient lui-même de l'ancien Français "paele", qui a donné justement le mot "poêle"!

Petite anecdote amusante : Il faut savoir également que dans la recette d'origine , la Paëlla était faite à base de...rat (pas le rat d'égout, mais quand même) !

Sources : CNTRL/ https://es.wikipedia.org/wiki/Paella

mercredi 2 octobre 2013

Euthanasie

L'euthanasie est un sujet qui suscite en permanence le débat dans la société actuelle. Le but de cet article n'est pas de rentrer dans le débat, mais de voir quelle est l'origine de ce mot afin de mieux en comprendre le sens. 

L'origine de ce mot est à rechercher au XVIIIème siècle, en pleine période de philosophie des Lumières, et désignait un concept philosophique et théologique: "L'art, ou la science de rendre la mort douce", du grec "ε υ ̓ θ α ν α σ ι ́ α", qui signifie "belle mort" (on retrouve "thanatos", la mort). La définition de l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert est la suivante : "mort heureuse, ou passage doux & tranquille, sans douleur, de ce monde en l’autre" : 


...car le commun des hommes, sur-tout ceux de la campagne, voient la mort sans effroi ; c’est la fin des chagrins & des calamités des misérables. La mort, disoit Caton, ne peut jamais être prématurée pour un consulaire, fâcheuse ou deshonorante pour un homme vertueux, & malheureuse pour un homme sage. Rien de violent ne l’accompagne dans la vieillesse ; les sens sont hébétés, & les vaisseaux se sont effacés, collés, ossifiés les uns après les autres ; alors la vie cesse peu-à-peu ; on se sent mourir comme on se sent dormir : on tombe en foiblesse. Auguste nommoit cette mort euthanasie ; expression qui fit fortune à Rome, & dont tous les auteurs se servirent depuis dans leurs ouvrages...

Dans le domaine médical, le mot désigne encore "une mort douce, de laquelle la souffrance est absente, soit naturellement, soit par l'effet d'une thérapeutique dans un sommeil provoqué."

 Mais usuellement, et c'est ainsi qu'il est employé aujourd'hui, ce mot a glissé de sens pour désigner quelque chose de beaucoup plus précis : le "fait de donner délibérément la mort à un malade (généralement incurable ou qui souffre atrocement)", concept qui se rapproche du "suicide assisté pour raisons médicales", et par extension "le fait de supprimer les sujets tarés afin de satisfaire des exigences de nature collective", qui se rapproche du concept de l'eugénisme.

Source : CNTRL, Encyclopédie de Diderot et D'Alembert

jeudi 26 septembre 2013

C'est de la daube!

"C'est de la daube" est utilisé pour désigner un objet ou un spectacle de mauvaise qualité. 
A première vue, on pourrait rapprocher cette expression du plat populaire "la daube" fait à base de boeuf mijoté. 

Mais comment faire le lien entre ce plat qui de toute évidence ne sent pas mauvais, et cette expression fort péjorative? 

Tout simplement parce que ces deux mots ont une origine tout à fait différente. 

En effet, le plat "la daube", vient de l'italien "dobba" qui signifie "marinade". 

En revanche, "c'est de la daube" est une expression argotique qui tire son origine de l'ancien français "dauber" qui sgnifiait au sens propre "frapper", et au sens figuré : "se moquer, railler, dénigrer" (Je les dauberai tant en toutes rencontres, qu'à la fin ils se rendront sages. (Molière, Critique de l'école des femmes)), et dont l'origine est tout à fait obscure (peut-être de l'allemand "dubban"?). 

Voilà comment deux mots sont liés par leur phonétique, pour le meilleur et surtout pour le pire, car je pense que la daube se serait bien passé de ce rapprochement avec cette expression peu ragoûtante!



mercredi 25 septembre 2013

Braquage

On entend beaucoup parler de braquages en ce moment. Mais quelle est l'origine de ce mot?

Au XVIème siècle, "braquer", c'était : "faire tourner (le plus souvent un chariot, un véhicule) dans une certaine direction". Le sens de ce mot a d'ailleurs été conservé aujourd'hui. 

Mais ce mot a également pris le sens de "diriger une arme vers l'objectif ". Ce n'est que dans les années 30 que l'argot a repris ce mot pour désigner le fait de mettre en joue. Quelques années plus tard, le mot "braquage" apparaissait en argot pour désigner une attaque à main armée. 

vendredi 20 septembre 2013

Cauchemar

A la base, le cauchemar (on n'écrit pas "cauchemard", attention) est une manifestation physique de suffocation pendant le sommeil.

Au moyen-âge, ces malaises nocturnes étaient attribués aux sorcières, ou aux fantômes nocturnes, d'où le "mar", qui vient du néerlandais "mare" (fantôme qui provoque le cauchemar), et que l'on retrouve dans nightmare en Anglais, ou Nachtmar en Allemand. "Cauche" vient du vieux français chauchier (presser).

Par extension, ce malaise a ensuite désigne le rêve qui provoque le malaise, donc un rêve effrayant.
Cauchemar désigne aussi par extension une situation ou une personne qui nous effraye.

jeudi 12 septembre 2013

Evier

Selon la définition, l'évier est un "Dispositif ménager fixe, à hauteur de table, formé d'un ou de plusieurs bacs (autrefois en pierre, actuellement en faïence, grès ou métal) comportant une arrivée d'eau et un système de vidange, utilisé pour laver la vaisselle dans une cuisine.

La photo ci-contre ne montre pas à proprement parler un évier, mais un lavabo, mais je voulais illuster le lien étonnant qui existe entre l'évier et l'aquarium : ces deux mots ont la même étymologie!

En effet, l'aquarium était au départ un réservoir contenant de l'eau (creusé dans la pierre). Il a fallu de très nombreuses déformations phonétiques pour  passer d'aquarium à évier  : aqwaryoagwaryo, awwaryoawaryoawyèroawyèr(e), euwier (au 13ème siècle), puis évier. Au 13ème siècle, il désignait un "égout pour l'écoulement des eaux usées". 

Voilà comment deux objets pourtant très différents ont une origine semblable!

Confusant

Il n'est pas rare d'entendre le mot "confusant" (lors d'une réunion par exemple), dans le sens de "troublant", "dérangeant", "déconcertant", ou "susceptible de produire de la confusion".

Ce néologisme vient tout droit de l'anglais "confusing" qui est lui-même dérivé de "confused" (qui signifie "confus", et qui vient...du français!).

Le problème, c'est qu'en Français, le verbe "confuser" n'existe pas. "Confusant" est donc un usage incorrect. 

mercredi 11 septembre 2013

Panda


Aujourd'hui, nous venons d'apprendre que 2 pandas vont venir s'installer à Pairi Daiza, en Belgique (ce qui provoque un "pandagate" sur les réseaux sociaux, mais c'est une autre histoire). 

C'est l'occasion de se pencher sur ce mot qui a la particularité d'être le même dans toutes les langues.

Le mot panda tire son origine du népalais "Nigálya-pónya", qui signifie littéralement "Animal (pónya) mangeur de bambou (Nigálya).  Il désignait à l'origine le panda roux (petit panda). 

En 1869, le missionnaire français Armand David découvre le "panda géant", qu'il associe directement aux ursidés (il l'appelle "ours blanc"). C'est en 1901 que l'on établit un lien entre le panda géant et le panda roux, et qu'on lui attribue ce nom. En réalité, ces deux animaux ne font pas partie de la même espèce, même si le panda géant semble tout de même plus proche de l'ours comme on le pensait initialement.

Caméléon


Le caméléon désigne un reptile capable de changer la couleur de sa peau en fonction de son environnement, par mimétisme. Par extension, le mot désigne également une personne qui s'adapte à son environnement , au gré de ses intérêts (ce mot n'est pas forcément péjoratif).

Certaines personnes affirment à tort que le mot caméléon est construit sur le même modèle que "caméléopard" qui désignait autrefois la girafe ("Camé" pour certaines ressemblances avec les camélidés et "léopard" pour la ressemblance avec le pelage de ce félin ). Le mot "caméléon", signifierait donc : "chameau-lion".

Cette version est totalement erronnée.

En réalité, le mot caméléon est emprunté du latin "c(h)amaeleon", du grec "khamaileôn", proprement « lion qui se traîne à terre » de khamai, « à terre », et leôn, « lion ». Il faut comprendre « qui se traîne à terre » comme un équivalent de « très petit », voire « nain ».

samedi 17 août 2013

Léonidas (le chocolatier)


Si vous aimez les chocolats belges, vous connaissez sûrement Leonidas. Mais savez-vous d'où vient ce nom à consonnance spartiate?

L'explication est très simple. En 1910, le chocolatier américain d'origine grecque Léonidas Kestekides vient à Bruxelles lors de l'exposition Universelle (où il obtient une médaille de bronze pour ses chocolats, et une médaille d'or pour ses gâteaux), puis il installe un tea-room à Gand en 1913. La Belgique lui plaît tellement qu'il s'y marie, avec une Belge.

 La date de 1910 est indiquée sur les emballages du chocolatier, en référence à sa première venue en Belgique.

Ses héritiers Basile Kestekides (son neveu, qui choisira le logo en 1935, en référence aux origines grecques de son oncle), Yanni Kesdekoglu, Maria Kesdekoglu et aujourd'hui Vassiliki Kestekidou ont fait ensuite prospérer l'affaire en développant la gamme de pralines.

mercredi 14 août 2013

Amazon


Vous êtes peut-être client de la société Amazon. Mais savez-vous comment a été choisi le nom du site de e-commerce le plus connu?
Amazon a été fondé en 1994 par Jeff Bezos.

Il voulait un nom qui apparaîtrait tôt dans l'ordre alphabétique et souhaitait donc commencer par un A. "Abracadrabra" lui est venu tout d'abord à l'idée, partant du principe que le client commande, et "abracadabra", son produit arrive chez lui.

Mais le nom, un peu long, l'a conduit a choisir "Cadabra" et à enregistrer son entreprise sous ce nom. Toutefois, en discutant avec son avocat, il comprit que le mot pouvait prêter à confusion avec "Cadaver" (cadavre), et décida de changer.

Après plusieurs semaines de recherches dans le dictionnaire, à la lettre A, et tomba sur "Amazon" (le fleuve Amazone), le plus long fleuve du monde (et de loin), en espérant que son site deviendrait le plus grand du monde (et de loin). Aujourd'hui, on peut dire que le pari est réussi (oui, je suis plutôt un adepte)!

Source : Jeff Bezos: The Founder of Amazon.com

Si vous voulez acheter "La reine des Neiges", l'excellent dernier Disney, c'est ici, sur Amazon :)


Assomption


Le 15 août, c'est la fête de l'Assomption, c'est-à-dire "l'enlèvement de la Vierge au Ciel", selon le dogme catholique. Mais d'où vient ce mot?

En latin, "assumptio" signifiait : "action de prendre, d'ajouter, d'assumer". L'Assomption de la Vierge, c'est donc l'action de la prendre et de l'amener au Ciel.
Il faut savoir qu'au début, ce terme a désigné l'ascension du Christ au ciel, mais finalement, c'est le mot "Ascension" (autre fête catholique) qui a désigné cet événement. Ascension et Assomption sont donc très liées, même s'il s'agit de fêtes différentes aujourd'hui. Il désigne par extensionToute forme d'élévation ou d'ascension de l'esprit ou de l'âme qui assume et transfigure la réalité.

On peut ajouter également que le mot "assomption" n'a pas qu'une signification religieuse. C'est également un terme de logique qui équivaut à une hypothèse que l'on fait sienne pour tenir un raisonnement. Pour les philosophes,c'est l'acceptation lucide de ce que l'on est, de ce que l'on désire...

mardi 13 août 2013

Gaucher


Le 13 août, c'est la journée des gauchers.
C'est l'occasion de se pencher sur ce mot et ses dérivés.
Gaucher vient du vieux français "gauchier", qui signifiait "faire des détours, tordre". Le mot a remplacé senestre (qui vient de senester en latin et signifie "gauche") à partir du XVème siècle pour des raisons inconnues.

Le côté gauche a toujours été dévalorisé, et cela se ressent dans le vocabulaire.
- Gauche signifie « maladroit » (mal à droite), et la gaucherie est le manque d'adresse et de grâce.
- « Se lever du pied gauche » c'est être de mauvaise humeur
- « avoir deux pieds gauches » c'est être empoté
- « être marié de la main gauche » c'est ne pas être vraiment marié
- « passer l'arme à gauche » c'est mourir
- "dégauchir", c'est rendre la surface d'une pierre rectiligne, en maçonnerie.
A l'inverse, la dextérité et l'adresse ont toutes deux pour origine la "droite". Quelqu'un de "droit" est quelqu'un d'honnête.









lundi 12 août 2013

Zombi


Le mot zombi (zombie, en Anglais), désigne dans les cultes vaudou, le fantôme d'un mort, un esprit au service d'un sorcier. Ce mot est attesté depuis la fin du XVIIème siècle et vient du créole haïtien (tirant lui-même son origine du mot zambys, "dieux esprits des tribus africaines", qui est arrivé avec les esclaves africains).
Par glissement de sens, le mot a ensuite désigné toutes sortes de mort-vivants, et ont connu une explosion de popularité grâce au cinéma.
Le mot "zombi" peut également désigner par analogie quelqu'un qui donne l'apparence de ne pas se contrôler soi-même, ayant perdu son libre-arbitre.

jeudi 8 août 2013

Limiteur, limitateur?




Je me suis parfois demandé si l'on doit dire "limiteur de vitesse", ou "limitateur de vitesse".

La question se pose en effet de savoir comment on construit les mots avec ces suffixes en -eur et -ateur.

En fait, les suffixes -eur et -ateur sont des suffixes en concurrence (comme d'ailleurs, -eur et -ant : détachant ou -eur, adoucissant, -eur, etc.).

Généralement, le suffixe en -eur vient s'accoler à une base qui est un verbe (écarter --> écarteur, voler --> voleur) , parfois un substantif (le nom formé alors peut désigner la personne agissante (brodeur, affuteur, ajusteur, etc.) ou l'appareil, la machine (écarteur, enfouisseur, pétrisseur,etc.).

Le suffixe -ateur vient le plus souvent s'accoler à un radical dont le nom correspondant est en -ation (mais qui peut être aussi un verbe). C'est le cas pour régulateur (régulation), adaptateur (adaptation), agitateur (agitation), etc.

Limiteur est vraiment le symbole de cette concurrence, puisque limitation existe, mais la dérivation s'est effectuée sur le radical du verbe limiter. Les dictionnaires d'usage, en premier lieu le Dictionnaire de l'Académie française, enregistrent seulement "limiteur".

On dit donc "un limiteur de vitesse". 




Prioriser, Prioritiser




Les mots "prioriser" et "prioritiser" sont très largement employés, notamment dans le monde de l'entreprise, et signifie "Donner une importance préférentielle à quelqu'un ou à quelque chose".
Ce mot est dérivé de l'anglais Prioritize qui a exactement ce sens là.


Toutefois, ni le verbe "prioriser" ni le verbe "prioritiser" ne sont répertoriés par l'Académie française qui estime que le néologisme n'est guère élégant ici et doublerait inutilement les locutions "donner la priorité à" ou "définir la priorité de", bien implantées dans l'usage.

Virevoltant


Vous êtes-vous déjà demandé comment s'appellent ces fameuses boules de paille qui roulent dans les westerns, seuls éléments mobiles dans des villages totalement déserts et figés? Il s'agit en fait des "Tumbleweed" (herbe qui tourne) en anglais. En fait, c'est en fait de la partie supérieure d'une plante très gourmande en eau qui s'appelle Salsola Tragus et qui en roulant, dissémine les graines un peu partout, provoquant l'assèchement de nombreuses régions aux Etats-Unis ou en Russie. En français, on appelle cela les virevoltants. "Virevoltant" vient du verbe "virevolter", mot qui vient du vieux français "virevouster" et qui désignait l'action de tourner d'un côté et l'autre de son cheval, pour un cavalier. Le sens du mot s'est ensuite généralisé pour désigner quelque chose de "tourbillonnant", au sens propre ou au sens figuré.

Hippopotomonstrosesquipedaliophobie


Nous venons de nous pencher sur la phobie du nombre 666, l'hexakosioihexekontahexaphobie. Mais il existe une peur tout aussi étonnante : l'hippopotomonstrosesquipedaliophobie.

L'hippopotomonstrosesquippedaliophobie (36 lettres) est la peur phobique des mots trop longs. Il s'agit d'une contraction de :
- hippopotomonstre : animal inventé, contraction d'hippopotame et de monstre
- sesquipedalio: un pied et demi
-phobie : peur (phobos) en grec

Il ne fait aucun doute que cette phobie n'est qu'une pure invention humoristique.

Après quelques recherches, le terme (en anglais :hippopotomonstrosesquipedaliophobia )vient du premier épisode d'une série anglaise scientifique, nommée Brainiac, en 2008. Le lien est ici et la question se trouve à 1:00 dans la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=Vrkxzk8UkRw. Il s'agit donc bien d'un canular, qui s'est répandu en France. D'ailleurs, le mot n'est reconnu par aucun dictionnaire.





Hexakosioihexekontahexaphobie


Nous avons vu il y a peu l'origine du mot le plus long de la langue Française : Anticonstitutionnellement. Mais il faut savoir qu'avec 29 lettres, "Hexakosioihexekontahexaphobie" est encore plus long. Toutefois, faisant partie d'un langage spécialisé, il ne peut pas concourir au titre de mot le plus long. Ce sont les noms de molécules qui en comportent le plus. Par exemple, la molécule de formule C1289 H2051 N343 O375 S8 comporte...1889 lettres ! :
Methionylglutaminylarginyltyrosylglutamylserylleucylphenyl- alanylalanylglutaminylleucyllysylglutamylarginyllysyglutamyl- gycylalanylphenylalanylvalylprolylphenylalanylvalylthreonyl- leucylglycylaspartylprolylglycyllisoleucylglutamylglutaminyl- serylleucyllysylisoleucylaspartylthreonylleucylisoleucyl- glutamylalanylglycylalanylaspartylalanylleucylglutamylleucyl- glycylisoleucylprolylphenylalanylserylaspartylprolylleucyl- alanylaspartylglycylprolylthreonylisoleucylglutaminylasparaginyl- alanylthreonylleucylarginylalanylphenylalanylalanylalanyl- glycylvalylthreonylprolylalanylglutaminylcysteinylphenylalanyl- glutamylmethionylleucylalanylleucylisoleucylarginylglutaminyl- lysylhistidylprolylthreonylisoleucylprolylisoleucylglycylleucyl- leucylmethionyltyrosylalanylasparaginylleucylvalylphenylalanyl- asparaginyllysylglycylisoleucylaspartylglutamylphenylalanyl- tyrosylalanylglutaminylcysteinylglutamyllysylvalylglycylvalyl- aspartylsrylvalylleucylvalylalanylaspartylvalylprolylvalyl- glutaminylglutamylserylalanylprolylphenylalanylarginylglutaminyl- alanylalanylleucylarginylhistidylasparaginylvalylalanyl- prolylisoleucylphenylalanylisoleucylcysteinylprolylprolylaspartyl- alanylaspartylaspartylaspartylleucylleucylarginylglutaminyl- isoleucylalanylseryltyrosylglycylarginylglycyltyrosylthreonyl- tyrosylleucylleucylserylarginylalanylglycylvalylthreonylglycyl- alanylglutamylasparaginylarginylalanylalanylleucylleucyllysyl- glutamyltyrosylasparaginylalanylalanylprolylprolylleucylglutaminyl- glycylphenylalanylglysylisoleucylserylalanylprolylaspartylglutaminyl- valyllysylalanylalanylisoleucylaspartylalanylglycylalanylalanyl- glycylalanylisoleucylserylglycylserylalanylisoleucylvalyllysylisoleucyl- isoleucylglutamylglutaminylhistidylasparaginylisoleucylglutamyl- prolylglutamyllysylmethionylleucylalanylalanylleucyllysylvalylphenyl- alanylvalylglutaminylprolylmethionyllysylalanylalanylthreonylarginyl- serine.

Hexakosioihexekontahexaphobie désigne la peur du nombre 666, le "nombre de la Bête" , et de tous ses dérivés (2/3, par exemple. Le mot est composé de :
- hexakόsioi hexếkonta héx : « six-cent-soixante-six » en grec - phobie : Peur (de phobos, en grec)
Il existe quasiment une phobie pour tout (la liste, sur Wikipedia), même pour...les mots longs : Hippopotomonstrosesquipedaliophobie.



mercredi 7 août 2013

Crise


On ne cesse aujourd'hui de répéter que "c'est la crise", sous-entendu "la crise économique". Mais ce mot revêt différents sens, et la notion de crise économique n'est pas du tout le sens originel du mot.
En effet, "crise" vient du latin impérial"crisis" (qui lui même vient du grec), et qui signifiait dans le langage médical "la manifestation grave d'une maladie". Le sens du mot a dérivé vers "des accès psychologiques violents" (crises de passions, crises de nerfs), tout en conservant son sens intitial.
Au XVIIIème siècle, à l'approche de la révolution Française, le sens a de nouveau dérivé, pour désigner une "phase grave dans l'évolution des choses", pour prendre les noms de "crise politique", ou de "crise financière".

Où comment l'on est passé des symptômes de maladie du corps humain aux symptômes de maladie d'une société tout entière.


lundi 5 août 2013

Bashing



Le "Bashing" est un terme très à la mode, surtout sur les réseaux sociaux, et désigne l'acharnement des médias ou des personnes contre une personne en particulier (généralement une personnalité), avec ou sans dérision, et parfois de manière totalement gratuite. Le nom de la personnalité visées est antépositionné, ce qui est typique d'une construction anglophone : On parle par exemple d'"Hollande bashing".



Le nom Bashing est attesté depuis la première moitié du XVIIIème siècle en anglais. En anglais, le nom bashing signifie « volée de coups », puis « insulte, attaque verbale », et est dérivé du verbe to bash, « frapper, cogner ; houspiller ». En bon français, on utiliserait des alternatives comme :



  • attaque
  • acharnement (qui a pour premier sens "action de donner le goût du sang", dans le domaine de la vènerie, cette action précédant l'attaque en meute. La notion de meute convient bien au "bashing"
  • dénigrement (mais ce mot est un peu faible)
  • lynchage (quoique le mot lynchage vient de l'anglais également, mais c'est une autre histoire :))
  • persiflage (le mot contient une notion d'ironie, et de dérision, ce qui est compatible avec l'idée de "bashing")
  • démolissage.


Les équivalents ne manquent pas!

Attention, ne pas confondre le "bashing", et le Bashung (Alain).

Alain Bashung









Bordure

Toujours dans le vélo, penchons-nous sur le mot "bordure", qui aura marqué la 13ème étape du Tour.

Une bordure, c'est un groupe de coureurs séparés des autres à cause d'une soudaine accélération en tête de peloton. Cela se produit lorsque le vent arrive de 3/4 et que le peloton se place en forme d'éventail, jusqu'à la "bordure" de la chaussée. L'arrière est alors en file indienne et c'est là que la cassure peut se produire, car les coureurs ne sont plus protégés contre le vent.

Avocat du diable

Se faire l'"avocat du diable", c'est prendre une position contraire à sa propre opinion afin de se forcer à regarder une réalité sous un autre angle et défendre un point de vue contraire.

Mais ce que l'on sait moins, c'est que les avocats du diable (advocatus diaboli)ont réellement existé! En 1587, sous Sixte V, l'avocat du diable était chargé de plaider contre la canonisation des futurs saints ou bienheureux. En effet, chaque canonisation faisait l'objet d'un "procès" lors duquel les miracles étaient étudiés, et la qualité de saint mise à l'épreuve. Ce poste a perduré jusqu’en 1983, date à laquelle Jean-Paul II a allégé les procédures de canonisation et supprimé cette fonction, conduisant par là-même à une augmentation très forte du pourcentage de canonisations au regard des dossiers instruits.

Aller

"Aller", c'est un mot que l'on utilise tous les jours, mais ce que l'on sait moins, c'est que sous sa forme conjuguée, l'étymologie du verbe n'est plus la même. En effet, "Aller" est ce que l'on appelle dans le vocabulaire de l'étymologie un verbe "hétéroclite" (tout comme le verbe être), c'est à dire d'un verbe qui ne suit pas les règles de conjugaison classiques.

- Sous la forme en all/aill (J'allais, que j'aille...), on fait appel au verbe "ambulare"
- Sous la forme en ir- (j'irai, j'irais...), on fait appel au verbe "ire
- Sous la forme en v- (je vais), on fait appel au verbe "vadere"

Ce mot est devenu totalement irrégulier de par l'usage très fréquent qui en effet, et de par les nombreuses formes latines qui existaient et qui se sont mêlées pour faire un mot unique.




dimanche 7 juillet 2013

Dopage

Le Tour de France a déjà commencé depuis quelques jours, et au vu des performance de Froome, le mot "dopage" est sur toutes les lèvres. Mais d'où vient-il?

Dopage est un dérivé du mot anglais (anglais comme Froome?!) "doping", apparu en 1889, même si la pratique date d'il y a bien plus longtemps, et signifiait "administer un excitant", à la base dans le domaine hippique. Le mot s'est étendu ensuite à tous les sports pour désigner la prise de substances destinées à améliorer la performance artificiellement.

jeudi 4 juillet 2013

Cosmétique

Je viens de lire "Cosmétique de l'ennemi", d'Amélie Nothomb, et j'ai appris quelle était l'origine première du mot "Cosmétique", qui signifie aujourd'hui "qui sert à entretenir la peau, les cheveux...", en somme, qui sert à se faire beau.

En effet, à la base, le mot cosmétique vient du grec "kosmos", qui signifiait : "ce qui ordonne le monde". En grec, le mot a perdu de son sens pour désigner la parure, l'ornement. Puis il est passé au latin sous la forme "cosmetes", qui désignait l'esclave chargé de soigner la parure de son maître, et au français dans le sens que nous connaissons aujourd'hui.

Au final, le mot a pris un autre sens, car il signifie également "quelque chose d'inefficace", partant du principe que ce qui touche à l'apparence ne touche pas à l'essentiel, et est donc futile.

Ou comment passer de l'ordre du monde, à la futilité.

samedi 29 juin 2013

Terrible

Le mot "terrible" est tout à fait particulier, puisque, suivant l'usage qui en est fait, son sens peut-être très fort, ou affaibli, voire inverse au sens original.

A l'origine, "Terrible" vient du latin "terribilis", qui signifie "effroyable, épouvantable, qui inspire la terreur". Très vite, ce mot a été utilisé pour désigner des personnes, ou des choses. Et dans ces deux cas, le sens et la force du mot dépendent du contexte de la phrase dans laquelle on l'emploie.

- Une personne "terrible" est ainsi quelqu'un qui inspire ou cherche à inspirer la terreur. Mais un "gosse terrible" n'est juste qu'un enfant "pénible", turbulent. De même, il peut désigner quelqu'un qui fait preuve d'un caractère particulier, comme un "terrible bavard". Pire encore, le mot peut avoir un sens mélioratif totalement opposé à l'acception originelle : "Cette fille, elle est terrible!".

- Pour ce qui est des choses, c'est le même principe : Un événement terrible est un événement tragique, tandis qu'une "chaleur terrible" est une chaleur fortement pénible. De le même façon que pour les personnes, le mot peut aussi avoir le sens de "sensationnel", "génial".

Il s'agit donc de manier ce mot avec précaution, tant ses différentes significations peuvent prêter à confusion!

mardi 25 juin 2013

Anticonstitutionnellement

Le mot "Anticonstitutionnellement" est considéré comme le plus long de la langue Française (25 lettres).

Il se décompose ainsi :

- anti : contre

-constitutionnel : lié à la constitution d'un pays

-ment : suffixe de dérivation permettant de construire un adverbe : "de manière à"

Donc, anticonstitutionnellement signifie « de manière contraire, hostile la constitution d'un pays », à la différence d'"inconstitutionnel", qui signifie plus simplement "non conforme à la constitution". Ce mot est apparu en 1774, à une époque où les monarchies commençaient à tomber et où le droit se devait d'être totalement redéfini.

samedi 15 juin 2013

Papillon

Le mot "Papillon" est doté de très nombreuses significations aujourd'hui, en dehors bien sûr de l'insecte lépidoptère qu'il désigne.

Il constitue donc un superbe exemple de glissements de sens. Parcourons ensemble l'histoire du mot :

- Papillon a tout d'abord désigné l'insecte, du latin "papillonem", puis du vieux français "papeillon" (au XIIème siècle)

- Puis La Fontaine (le célèbre fabuliste), a associé en 1685 l'insecte à son propre caractère volage (en se désignant comme le "Papillon du Parnasse", façon subtile de dire qu'il n'était pas dangereux). Ceci a donné le verbe "papillonner" et qui a ensuite donné au mot "papillon" le sens d'inconstant (minute, papillon!, ou bien "courir après les papillons",qui signifie avoir un goût pour les choses futiles.

- La forme particulière du papillon a quand à elle donné naissance à plusieurs dérivés : le noeud papillon (1909), la nage papillon (1936 - emprunté de l'anglais), le bec papillon, le papillon des gaz (en mécanique) ou une petite voile.

- L'"effet papillon", quant à lui, est une invention tout à fait récente, et vient de l'anglais "Butterfly effect", issue d'une thèse démontrant que le moindre petit événement peut avoir des conséquence inattendues, intitulée : "Prédictibilité : Le battement d’aile d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas? " de Edward Lorenz.

jeudi 30 mai 2013

Formidable

La magnifique chanson du Belge Stromae (dont le clip se trouve ici) m'a donné envie de me plonger dans l'origine du mot "Formidable".

Avant d'avoir la signification actuelle très positive de "Fantastique, extraordinaire, génial", le mot "formidable" signifiait : "qui suscite l'effroi, la crainte", et venait du latin "formido" : peur, effroi.

C'est donc par un glissement de sens que le mot a fini par signifier son contraire, montrant à quel point l'homme peut être fasciné par ce qui lui fait peur, jusqu'à l'admirer. Quand les mots nous en apprennent beaucoup sur la psychologie humaine...

samedi 25 mai 2013

Avoir maille à partir

Cette expression, qui signifie "être en conflit avec quelqu'un", n'a rien à voir avec le tricot! La maille, c'est une monnaie en bronze du Moyen-Age de très petite valeur (la plus petite valeur qui soit). L'expression à l'origine était "Avoir maille à départir", ce qui peut se transcrire en "Avoir maille à partager". Or, une pièce ne peut se partager en deux, et c'est ce qui peut provoquer un différent, d'où l'expression. En argot, aujourd'hui, la maille est synonyme d'argent également.

Potager

Nous avons appris il y a peu que les enfants aujourd'hui ne connaissent pas les légumes du potager. C'est l'occasion de se pencher sur l'origine du mot "potager", qui signifie aujourd'hui un jardin dédié à la culture des légumes.
"Potager" est dérivé de "potage", qui signifie "soupe semi-liquide à base de légumes, de pâtes...", lui-même venant de "potus" (mot latin signifiant breuvage).
Par métonymie, le potager est donc l'endroit où l'on cultive les légumes déstinés au potage. Au passage, "potager" signifie également "le fourneau où l'on prépare les potages", mais ce sens a quasiment disparu aujourd'hui.
Bien sûr, vous vous demandez d'où vient l'expression : "il y a une couille dans le potage" (qui signifie qu'il se passe quelque chose d'anormal). En fait, le mot "couille" est juste une déformation du mot "Touille", qui est une cuiller de bois en Vendée (et qui a donné le mot "touiller". "Il y avait donc une "touille dans la potée", ce qui a donné par déformation phonique "une couille dans le pâté", ou "une couille dans le potage". L'expression, amusante, est restée!

mercredi 1 mai 2013

Se mettre sur son trente-et-un

L’expression, qui signifie aujourd'hui "se parer de ses vêtements les plus élégants ou de ses habits de fête ou de cérémonie", ne tire pas son origine dans la Saint Sylvestre, veille du nouvel An (où les gens s'habillent de leurs plus beaux vêtements, pour l'occasion), comme on pourrait le penser au premier abord. En effet, le "trente-et-un" vient du mot trentain qui, du XIIe au XVIe siècle, a désigné un drap de qualité supérieure dont la chaîne était composée de trente centaines de fil et qui permettait de faire de très beaux vêtements. L'orthographe a évolué par la suite, une fois que le mot trentain avait disparu de l'usage...

Vendre la peau de l'ours

Tout le monde connait l'expression : "Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué", signifiant disposer de quelque chose chose avant d’être assuré de sa possession, se flatter trop tôt d’un succès aléatoire. Et, par extension, vivre en fonction d’un avenir acquis d’avance.
L'expression a été popularisée par Jean de la Fontaine (qui a largement plagié "Les voyageurs et l'ours" d'Esope ou "Le tanneur qui achetait à un chasseur la peau d'un ours, qu'il n'avait pas encore pris" d'Abstémius), dans la fable assez peu connue pourtant : "L'ours et les deux compagnons",où deux chasseurs vendant d’avance la peau d’un ours qu’ils espéraient tuer... et qu’ils ne tueront pas!
L'ours et les deux compagnons


Deux Compagnons pressés d'argent
À leur voisin Fourreur vendirent
La peau d'un Ours encor vivant ;
Mais qu'ils tueraient bientôt, du moins à ce qu'ils dirent.
C'était le Roi des Ours, au conte de ces gens.
Le Marchand à sa peau devait faire fortune :
Elle garantirait des froids les plus cuisants ;
On en pourrait fourrer plutôt deux robes qu'une.
Dindenaut prisait moins ses Moutons qu'eux leur Ours :
Leur, à leur compte, et non à celui de la Bête.
S'offrant de la livrer au plus tard dans deux jours,
Ils conviennent de prix, et se mettent en quête ;
Trouvent l'Ours qui s'avance, et vient vers eux au trot.
Voilà mes Gens frappés comme d'un coup de foudre.
Le marché ne tint pas ; il fallut le résoudre :
D'intérêts contre l'Ours, on n'en dit pas un mot.
L'un des deux Compagnons grimpe au faîte d'un arbre.
L'autre, plus froid que n'est un marbre,
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent ,
Ayant quelque part ouï dire
Que l'Ours s'acharne peu souvent
Sur un corps qui ne vit, ne meut, ni ne respire.
Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
Et de peur de supercherie
Le tourne, le retourne, approche son museau,
Flaire aux passages de l'haleine.
C'est, dit-il, un cadavre : ôtons-nous, car il sent.
A ces mots, l'Ours s'en va dans la forêt prochaine.
L'un de nos deux Marchands de son arbre descend ;
Court à son Compagnon, lui dit que c'est merveille
Qu'il n'ait eu seulement que la peur pour tout mal.
Et bien, ajouta-t-il, la peau de l'Animal ?
Mais que t'a-t-il dit à l'oreille ?
Car il s'approchait de bien près,
Te retournant avec sa serre.
Il m'a dit qu'il ne faut jamais
Vendre la peau de l'Ours qu'on ne l'ait mis par terre.






































Garce

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le mot "garce" n'a pas toujours eu le sens négatif qu'on lui connait (femme de mauvaise vie).

En effet, à l'origine, ce mot n'est que le féminin de "gars" (garçon).

Ainsi, au XIIème siècle, il a pris le sens de "débauchée, putain". Puis au XIIIème siècle, il a repris son sens originel de "jeune fille".Puis il est redevenu péjoratif à partir du XVIIIème siècle pour conserver ce sens insultant jusqu'à aujourd'hui.

On peut noter que le mot "gars", son équivalent masculin, a subi aussi au cours de sa vie des glissements de sens négatifs (signifiant tour à tour mauvais garçon, lâche), mais son acception moderne est redevenue neutre, voire positive (un ptit gars, un bon gars).

jeudi 25 avril 2013

Moyen-Age

Le mot "Moyen-Âge" apparaît en 1640 sous la plume de Pierre de Marca. Il s'agit d'une transcription du latin de la Renaissance medium aevum, qui a aussi donné l'anglais middle age et l'allemand Mittelalter. Dans un premier temps il y a une hésitation entre moyen temps et moyen âge (on a la même hésitation en anglais entre middle time et middle age.)
Les humanistes latins hésitent eux entre des expressions synonymes media tempestas, media aetas, media antiquitas.
"Moyen" est un peu un jugement de valeur. On devrait d'ailleurs traduire par intermédiaire (entre l'Antiquité et la Renaissance).

Les humanistes de la Renaissance considéraient que leur époque et l'Antiquité avaient plus de valeur que cette période que l'on a aussi appelée les âges obscurs.


mercredi 17 avril 2013

Astérix, Obélix

Le nom du célèbre Gaulois de bande-dessinée "Astérix" vient du signe typographique "astérisque" (*).

Les auteurs ont également choisi ce nom pour la lettre A car, selon Goscinny (le scénariste) c'est "Un avantage indéniable pour les classements alphabétiques des futures encyclopédies de la bande dessinée". La popularité du personnage d'Astérix conduit beaucoup de personnes à se tromper sur le mot "astérisque", et à utiliser le nom du petit Gaulois à sa place.

Pour ce qui est d'Obélix, l'origine de son nom pourrait venir d'"obélisque" (un colonne de pierre d'origine Egyptienne), mais il est plus agréable de penser qu'il vient d’un signe typographique que l'on appelle l’"obèle" (symbolisé ainsi : †, l'obèle étant un signe utilisé pour marquer un passage douteux dans les manuscrits anciens). Cela ne serait pas étonnant, puisque Goscinny connaissait très bien le monde de l'imprimerie, ses parents étant propriétaires d'une imprimerie.

mardi 16 avril 2013

Schtroumpf alors!

L'origine du mot Schtroumpf est amusante. Voici comment Peyo raconte l'invention du mot :
En 1958, j'étais un jour en vacances à la mer avec Franquin et, à table, je lui ai demandé de me passer quelque chose, sans en trouver le nom : "Passe-moi... le schtroumpf !". J'avais forgé ce terme sur le modèle de "un truc, un machin, un bidule"... Il m'a répondu : "Tiens, voilà le schtroumpf, et quand tu auras fini de le schtroumpfer, tu me le reschtroumpferas !" On s'est ainsi amusés à schtroumpfer pendant les quelques jours que nous avons passés ensemble, c'était devenu un gag pour nous. Nous consacrions nos moments de détente à traduire en "schtroumpf" des tirades de Racine ou des fables de La Fontaine, ainsi que des chansons à succès de l'époque. Ce qui donnait des résultats assez surprenants et tout à fait hilarants, du genre : "Maître Schtroumpf sur un arbre schtroumpfé tenait dans son schtroumpf un schtroumpf !...

Ou comment une belle histoire commence par un détail tout à fait anodin!

Stupide

Le mot "stupide" est à l'origine (au XIVème) un terme médical, désignant une inertie mentale, un engourdissement. Il a la même étymologie que "Stupéfait", qui vient du latin "stupefere" (demeurer immobile). Ce mot a ensuite glissé vers le sens d'inintelligent, de bête, puis à perdu un peu de sa force péjorative en signifiant "absurde, insensé".

Crétin

Aussi étonnamment que cela puisse paraître, le mot "crétin" tire son origine du mot "chrétien" qui a évolué par euphémisme pour désigner des personnes "innocentes", simples d'esprit, malheureux. L'expression a ensuite pris un sens plus médical, pour désigner la maladie (le crétinisme), puis s'est transformé au fil du temps en insulte gratuite sans référence à une réelle déficience mentale.

Demeuré

L'on dit de quelqu'un qu'il est "demeuré" pour signifier un retard mental. Ce mot vient du latin "demorari", qui signifiait "tarder", s'arrêter. Le lien est clair puisque quelqu'un qui est "demeuré" a "arrêté" son développement mental à un stade inférieur. On peut dire aussi qu'il est "retardé", ce qui a la même signification. Comme toutes les expressions désignant une déficience physique, le mot a pris au fur et à mesure une acceptance très négative, insultante.

vendredi 12 avril 2013

Gauche, maladroit

L'avez-vous remarqué? Quand on veut désigner quelqu'un de malhabile, on dit de lui qu'il est "gauche", ou "maladroit".

Quand on est gaucher, on ne peut que se sentir visé par ces deux mots qui ont une seule et même origine : l'idée selon laquelle les gens qui se servent principalement de leur main gauche sont des personnes inadaptées, "à part". Quelqu'un qui est maladroit, c'est quelqu'un qui a du mal avec sa main droite, donc qui est gaucher...

L'étymologie de ces mots traduit bien l'idée populaire (qui date de l'antiquité) selon laquelle la gauche équivaut au mal.(la main gauche est la "main du diable", c'est avec la main droite que l'on bénit, etc.)

La dextérité? Elle est réservée aux droitiers (dextre = main droite). Et d'où vient le mot "sinistre"? De "sinister", qui signifie "gauche" en latin (venant lui-même de sinus, courbe, donc l'inverse de droit...).

On peut également noter que dans plusieurs autres langues, le gaucher est montré du doigt (de la main droite, bien sûr :o))

Voici pêle-mêle quelques anecdotes :

• gauche : en anglais, signifie "socialement inadapté".

• goofy (terme signifiant «cinglé») : désigne les surfers et les skateboarders mettant le pied gauche en avant)

• zurdo : mot espagnol signifie à la fois «gaucher» et «mal»

• mancino et mancini : en italien, à la fois «gaucher» et « fourbe »

• linkisch : en allemand, «gaucher» et «maladroit». «link» signifie maladroit. «Recht»,quant à lui signifie "droit" vrai, bon,juste

Imbécile et débile

Le mot "Imbécile" (signifiant : "manquant d'intelligence", vient du latin "Imbecillus" qui signifiait "faible" (signifiant en fait à la base : "Sans bâton", soit pour désigner quelqu'un qui était désarmé, ou à qui il manquait quelque chose pour s'appuyer - une "béquille" - même étymologie, au passage).

Par glissement de sens, on est donc passé d'une faiblesse "physique", à une infirmité morale.

De la même façon, le mot "Débile" vient de "de habilis", qui signifie :"pas capable, bon à rien". Là aussi, ce "défaut" a désigné une infirmité physique (pour désigner quelqu'un de mutilé, et a glissé de sens pour définir une infirmité d'esprit (débile mental).

Ces deux mots montrent bien comment l'incapacité du corps entraîne dans l'esprit des gens une incapacité de la tête.

Bizarre

Le mot "bizarre" vient du vieux Français "Bigearre", qui signifiait "Extravagance, singularité" au XVIème siècle, ce mot étant emprunté de l'italien Bizarro qui sgnifiait lui : "Coléreux", puis, suite à un glissement de sens :" extravagant".

jeudi 11 avril 2013

Spam, spam, spam

Le mot spam désigne tout courrier indésirable, électronique ou non.

A l'origine, le Spam est le nom d'une marque de viande précuite vendue en boîte (vient de Spiced ham - jambon épicé). Mais comment est-on passé de ce plat peu ragoûtant à un e-mail indésirable?

Tout simplement grâce aux Monty Python! Dans un sketch diffusé sur la BBC fin des années 90, donc aux débuts de la popularisation d'Internet, les Monty Python introduisent ce mot dans toutes leurs phrases. Le sketch, surréaliste et hilarant est disponible ici : http://www.youtube.com/watch?v=cFrtpT1mKy8

Des fans des Monty Python avaient créé un newsgroup dédié à leurs humoriste préférés. Un internaute posta sur ce newsgroup un message contenant le mot Spam répété plusieurs fois, comme dans le sketch. Ce message a été repris et a atterri dans d'autres newsgroups et s'est répandu comme une traînée de poudre. Et peu à peu, le "spamming" est devenu le fait de poster des choses n'ayant rien à voir au sein d'un sujet, puis, par glissement de sens, toute communication indésirable reçue par e-mail.

Compter, conter

Vous l'avez remarqué : les mots "compter" et "conter" sont homonymes (se prononcent de la même manière), alors que leur signification est éloignée. Rien de bien fou, puisqu'ils ne s'écrivent pas de la même façon.
Ce qui est étonnant, c'est que dans d'autres langues, ces mêmes mots sont également proches phonétiquement : "zählen" et "erzählen" en allemand, "tellen" et "vertellen" en néerlandais, "contare", "raccontare" en italien, etc.

Y a-t-il une explication, car pourtant le sens de ces mots est assez éloigné?
La réponse est : oui.
Ces deux verbes ont la même origine.
Compter s'est d'abord trouvé sous la forme "cunter" ("calculer") au 11e siècle, puis au 12e avec le sens de "comprendre quelqu'un dans un dénombrement".La graphie "compter" (issu du latin "computare"), date du 14e siècle.
"Conter" date du 11e siècle, sous la forme provençale comptar, "relater" (en énumérant des faits, des évènements).
Conter est emprunté du latin computare "compter", attesté en latin médiéval avec le sens de "narrer".
Le développement sémantique des deux mots "compter" et "conter" s'est donc fait à partir de "compter, énumérer".







jeudi 21 mars 2013

Glissement de sens

Les glissements de sens sont un élément fondamental de notre langue. Penchons-nous sur ce point fascinant.
Voilà comment l'Académie Française le définit : Le glissement de sens est une "évolution du sens d'un mot vers un autre sens qui lui est proche. C'est par une succession de glissements de sens que le mot "bureau" (à l'origine "étoffe de bure") a pris sa signification actuelle".
Un glissement de sens peut se produire de différentes façons, pour différentes raisons:


- par extension : Prenons l'exemple du mot "Achalandé" Le définition d'origine est : "qui a de nombreux clients, en parlant d'un magasin, d'un commerce, ou de la personne qui le tient. La boutique, située dans une rue passante, est très achalandée". Par extension, un magasin qui attire de nombreux clients est un magasin bien approvisionné. Par glissement de sens, le mot "achalandé" est donc devenu "qui est bien approvisionné, fourni de marchandises abondantes et variées". Cet usage est toutefois considéré comme abusif, mais il s'agit d'un glissement de sens.


- par réduction (ou spécialisation du sens) : Prenons l'exemple du mot "Américain", qui désignait à l'origine un habitant du continent Américain... et qui maintenant, en raison de la puissance des Etats-Unis, désigne les habitants de ce pays. Alors qu'un Européen désigne un habitant de l'Europe et non d'un pays en particulier, puisqu'aucun pays d'Europe ne domine vraiment le continent.

- par métonymie (c'est-à-dire par relation logique entre deux notions): On a parlé précédemment dans ce blog du mot "gourmand", utilisé pour désigné un plat appétissant. Par métonymie, un plat gourmand est un plat "apprécié par les gourmands".


- par métaphore: on peut prendre l'exemple d'un "aile" d'avion, la "fleur" de l'âge, la "racine" du mal...


- par proximité phonique: on a déjà analysé le mot "roboratif" sur ce blog. Penchons-nous sur le mot "errement", qui signifie "mauvaise habitude", et qui a tendance à prendre le sens du mot "erreur" dans l'esprit des gens, à cause de la proximité de prononciation des deux mots.


- par contexte social : Le mot "racisme" a glissé de sens suite à l'arrivée des extrèmismes au XXème siècle, en passant d'un sens neutre à un sens péjoratif. A l'origine, le mot s'appliquait à des caractères biologiques d'un peuple (d'une race). Le sens du mot a glissé d'un constat biologie vers un rejet d'une catégorie de population, incluant sa façon de vivre, sa culture, son physique, sa religion et d'autres critères non biologique. Ce mot peut servir à désigner n'importe quel comportement de rejet, si bien qu'il ne nécessite plus d'argumentation : dire "vous êtes raciste" n'amène aucune réponse et permet à son auteur de ne pas avoir à s'expliquer. L'exemple du mot "bourgeois" est également édifiant : on est passé de l'habitant du bourg, à un individu préocuppé par ses intérêts personnels.


- par affadissement : le mot "charme" désignait autrefois un attrait puissant, à la limite de la magie. Il est devenu au fil du temps quelque chose d'agréable, de poétique. Le mot a perdu sa force.

Pour clôturer, nous pouvons analyser l'étymologie du mot "Bureau", qui est une suite de glissements de sens par extension (source : dictionnaire de l'Académie Française) :
(1150) burel (ou "bure") = « étoffe grossière »
(1316) bureau = « tapis sur lequel on fait des comptes »
(1361) bureau = « la table où l'on fait les comptes »
(1495) bureau = « lieu où l'on fait les comptes »
(xv e siècle) bureau = « pièce, lieu de travail, cabinet »
(xvi e siècle) bureau = « établissement ouvert au public où s'exécute un service d'intérêt collectif (débit, recette, etc.) »
Aujourd'hui, le bureau est aussi une table de travail. Ou comment passer d'une étoffe à un lieu, en quelques centaines d'années de glissement de sens!























mardi 19 mars 2013

Cerf-volant

D'où vient donc ce mot "cerf-volant" ? Un cerf ne vole pas!
La source de ce mot nous vient du XVIIème siècle, et plus précisément du mot méridional "serp-volante", qui signifiait "Serpent volant", en référence aux dragons volants importés de Chine, à une époque où le raffinement ultime consistait à se procurer tout ce qui pouvait venir d'Orient.
En breton, on dit également "sarpant-nij" pour désigner le cerf-volant.
Le mot serp a ensuite disparu de la langue française, et par proximité phonique a été remplacé par "cerf".
source : le dictionnaire de l'Académie Française.


Dire, ne pas dire

L'académie Française a récemment lancé une nouvelle section sur son site web, dédiée à certaines expressions abusives, utilisées notamment dans les médias : "Dire, ne pas dire". On y retrouve quelques articles qui mettent à mal certaines idées reçues, et cela ne fait pas de mal de se mettre à jour et d'éviter de saccager notre belle langue : http://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire

Au demeurant, rappelons que l'Académie Française répond à des questions de langue que l'on se pose souvent, telle que : pourquoi sit-on soixante-dix et non septante en Français, peut-on dire : "je rentre sur Paris"? etc : http://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/questions-de-langue

mercredi 6 mars 2013

Crève-coeur

A l'occasion du décès de Daniel Darc, compositeur du très bel album "Crève-coeur", penchons-nous sur ce double mot.
Un crève-coeur est quelque chose qui fait souffrir, qui est sujet de peine, et par extension, une déception, un déplaisir, un désappointement, une douleur.
Le coeur, à cause de son battement influencé par les émotions est souvent considéré en effet comme le siège de l'émotion dans de très nombreuses expressions, comme fendre le coeur, avoir le coeur en peine, un coeur à prendre, briser le coeur.
En anglais, crève-coeur se dit "heartbreak" et emprunte la même étymologie.

Pieuvre


Vous ne le savez peut-être pas, mais le mot "Pieuvre" a été introduit dans la langue française par Victor Hugo. 

Avant lui, on parlait de "poulpe" uniquement.

En effet, dans "Les travailleurs de la mer", publié en 1865 lors de son exil à Guernesey, Victor Hugo a consacré un chapitre entier à cet animal marin, qu'il appela "pieuvre", car c'était ainsi qu'on le nommait dans le dialecte de Guernesey.




Voilà l'extrait :
Pour croire à la pieuvre, il faut l’avoir vue. Comparées à la pieuvre, les vieilles hydres font sourire. À de certains moments, on serait tenté de le penser, l’insaisissable qui flotte en nos songes rencontre dans le possible des aimants auxquels ses linéaments se prennent, et de ces obscures fixations du rêve il sort des êtres. L’Inconnu dispose du prodige, et il s’en sert pour composer le monstre. Orphée, Homère et Hésiode n’ont pu faire que la Chimère ; Dieu a fait la Pieuvre. Quand Dieu veut, il excelle dans l’exécrable. Le pourquoi de cette volonté est l’effroi du penseur religieux. Tous les idéals étant admis, si l’épouvante est un but, la pieuvre est un chef-d’œuvre.  La baleine a l’énormité, la pieuvre est petite ; l’hippopotame a une cuirasse, la pieuvre est nue ; la jararaca a un sifflement, la pieuvre est muette ; le rhinocéros a une corne, la pieuvre n’a pas de corne ; le scorpion a un dard, la pieuvre n’a pas de dard ; le buthus a des pinces, la pieuvre n’a pas de pinces ; l’alouate a une queue prenante, la pieuvre n’a pas de queue ; le requin a des nageoires tranchantes, la pieuvre n’a pas de nageoires ; le vespertilio-vampire a des ailes onglées, la pieuvre n’a pas d’ailes ; le hérisson a des épines, la pieuvre n’a pas d’épines ; l’espadon a un glaive, la pieuvre n’a pas de glaive ; la torpille a une foudre, la pieuvre n’a pas d’effluve ; le crapaud a un virus, la pieuvre n’a pas de virus ; la vipère a un venin, la pieuvre n’a pas de venin ; le lion a des griffes, la pieuvre n’a pas de griffes ; le gypaète a un bec, la pieuvre n’a pas de bec ; le crocodile a une gueule, la pieuvre n’a pas de dents. La pieuvre n’a pas de masse musculaire, pas de cri menaçant, pas de cuirasse, pas de corne, pas de dard, pas de pince, pas de queue prenante ou contondante, pas d’ailerons tranchants, pas  d’ailerons onglés, pas d’épines, pas d’épée, pas de décharge électrique, pas de virus, pas de venin, pas de griffes, pas de bec, pas de dents. La pieuvre est de toutes les bêtes la plus formidablement armée. Qu’est-ce donc que la pieuvre ? C’est la ventouse. Dans les écueils de pleine mer, là où l’eau étale et cache toutes ses splendeurs, dans les creux de rochers non visités, dans les caves inconnues où abondent les végétations, les crustacés et les coquillages, sous les profonds portails de l’océan, le nageur qui s’y hasarde, entraîné par la beauté du lieu, court le risque d’une rencontre. Si vous faites cette rencontre, ne soyez pas curieux, évadez-vous. On entre ébloui, on sort terrifié. Voici ce que c’est que cette rencontre, toujours possible dans les roches du large. Une forme grisâtre oscille dans l’eau, c’est gros comme le bras, et long d’une demi-aune environ ; c’est un chiffon ; cette forme ressemble à un parapluie fermé qui n’aurait pas de manche. Cette loque avance vers vous peu à peu. Soudain, elle s’ouvre, huit rayons s’écartent brusquement autour d’une face qui a deux yeux ; ces rayons vivent ; il y a du flamboiement dans leur ondoiement ; c’est une sorte de roue ; déployée, elle a quatre ou cinq pieds de diamètre. Épanouissement effroyable. Cela se jette sur vous. L’hydre harponne l’homme. Cette bête s’applique sur sa proie, la recouvre, et la noue de ses longues bandes. En dessous elle est jaunâtre, en dessus elle est terreuse ; rien ne saurait rendre cette inexplicable nuance poussière ; on dirait une bête faite de cendre qui habite l’eau. Elle est arachnide par la forme et caméléon par la coloration. Irritée, elle devient violette. Chose épouvantable, c’est mou. Ses nœuds garrottent ; son contact paralyse. Elle a un aspect de scorbut et de gangrène. C’est de la maladie arrangée en monstruosité. Elle est inarrachable. Elle adhère étroitement à sa proie. Comment ? Par le vide. Les huit antennes, larges à l’origine, vont s’effilant et  s’achèvent en aiguilles. Sous chacune d’elles s’allongent parallèlement deux rangées de pustules décroissantes, les grosses près de la tête, les petites à la pointe. Chaque rangée est de vingt-cinq ; il y a cinquante pustules par antenne, et toute la bête en a quatre cents. Ces pustules sont des ventouses. Ces ventouses sont des cartilages cylindriques, cornés, livides. Sur la grande espèce, elles vont diminuant du diamètre d’une pièce de cinq francs à la grosseur d’une lentille. Ces tronçons de tubes sortent de l’animal et y rentrent. Ils peuvent s’enfoncer dans la proie de plus d’un pouce. Cet appareil de succion a toute la délicatesse d’un clavier. Il se dresse, puis se dérobe. Il obéit à la moindre intention de l’animal. Les sensibilités les plus exquises n’égalent pas la contractilité de ces ventouses, toujours proportionnée aux mouvements intérieurs de la bête et aux incidents extérieurs. Ce dragon est une sensitive. Ce monstre est celui que les marins appellent poulpe, que la science appelle céphalopode, et  que la légende appelle kraken. Les matelots anglais l’appellent Devil-fish, le Poisson-Diable. Ils l’appellent aussi Blood-Sucker, Suceur de sang. Dans les îles de la Manche on le nomme la pieuvre. Il est très rare à Guernesey, très petit à Jersey, très gros et assez fréquent à Serk. Une estampe de l’édition de Buffon par Sonnini représente un céphalopode étreignant une frégate. Denis Montfort pense qu’en effet le poulpe des hautes latitudes est de force à couler un navire. Bory Saint-Vincent le nie, mais constate que dans nos régions il attaque l’homme. Allez à Serk, on vous montrera près de BrecqHou le creux de rocher où une pieuvre, il y a quelques années, a saisi, retenu et noyé un pêcheur de homards. Péron et Lamarck se trompent quand ils doutent que le poulpe, n’ayant pas de nageoires, puisse nager. Celui qui écrit ces lignes a vu de ses yeux à Serk, dans la cave dite les Boutiques, une pieuvre poursuivre à la nage un baigneur. Tuée, on la mesura, elle avait quatre pieds anglais d’envergure, et l’on put compter les quatre cents suçoirs. La bête agonisante les poussait hors d’elle convulsivement. Selon Denis Montfort, un de ces observateurs que l’intuition à haute dose fait descendre ou monter jusqu’au magisme, le poulpe a presque des passions d’homme ; le poulpe hait. En effet, dans l’absolu, être hideux, c’est haïr. Le difforme se débat sous une nécessité d’élimination qui le rend hostile. La pieuvre nageant reste, pour ainsi dire, dans le fourreau. Elle nage, tous ses plis serrés. Qu’on se représente une manche cousue avec un poing dedans. Ce poing, qui est la tête, pousse le liquide et avance d’un vague mouvement ondulatoire. Ses deux yeux, quoique gros, sont peu distincts étant de la couleur de l’eau. La pieuvre en chasse ou au guet, se dérobe ; elle se rapetisse, elle se condense ; elle se réduit à la plus simple expression. Elle se confond avec la pénombre. Elle a l’air d’un pli de la vague. Elle ressemble à tout, excepté à quelque chose de vivant. La pieuvre, c’est l’hypocrite. On n’y fait pas attention ; brusquement, elle s’ouvre. Une viscosité qui a une volonté, quoi de plus effroyable ! De la glu pétrie de haine. C’est dans le plus bel azur de l’eau limpide que surgit cette hideuse étoile vorace de la mer. Elle n’a pas d’approche, ce qui est terrible. Presque toujours, quand on la voit, on est pris. La nuit, pourtant, et particulièrement dans la saison du rut, elle est phosphorescente. Cette épouvante a ses amours. Elle attend l’hymen. Elle se fait belle, elle s’allume, elle s’illumine, et, du haut de quelque rocher, on peut l’apercevoir au dessous de soi dans les profondes ténèbres épanouie en une irradiation blême, soleil spectre. La pieuvre nage ; elle marche aussi. Elle est un peu poisson, ce qui ne l’empêche pas d’être un peu reptile. Elle rampe sur le fond de la mer. En marche elle utilise ses huit pattes. Elle se traîne à la façon de la chenille arpenteuse. Elle n’a pas d’os, elle n’a pas de sang, elle n’a pas de chair. Elle est flasque. Il n’y a rien dedans. C’est une peau. On peut retourner ses huit tentacules du dedans au dehors comme des doigts de gants. Elle a un seul orifice, au centre de son rayonnement. Cet hiatus unique, est-ce l’anus ? est-ce la bouche ? C’est les deux. La même ouverture fait les deux fonctions. L’entrée est l’issue. Toute la bête est froide. Le carnasse de la Méditerranée est repoussant. C’est un contact odieux que cette gélatine animée qui enveloppe le nageur, où les mains s’enfoncent, où les ongles labourent, qu’on déchire sans la tuer, et qu’on arrache sans l’ôter, espèce d’être coulant et tenace qui vous passe entre les doigts ; mais aucune stupeur n’égale la subite apparition de la pieuvre, Méduse servie par huit serpents. Pas de saisissement pareil à l’étreinte de ce céphalopode. C’est la machine pneumatique qui vous attaque. Vous avez affaire au vide ayant des pattes. Ni coups d’ongles, ni coups de dents ; une scarification indicible. Une morsure est redoutable ; moins qu’une succion. La griffe n’est rien près de la ventouse. La griffe, c’est la bête qui entre dans votre chair ; la ventouse, c’est vous-même qui entrez dans la bête. Vos muscles s’enflent, vos fibres se tordent, votre peau éclate sous une pesée immonde, votre sang jaillit et se mêle affreusement à la lymphe du mollusque. La bête se superpose à vous par mille bouches infâmes ; l’hydre s’incorpore à l’homme ; l’homme s’amalgame à l’hydre. Vous ne faites qu’un. Ce rêve est sur vous. Le tigre ne peut que vous dévorer ; le poulpe, horreur ! vous aspire. Il vous tire à lui et en lui, et, lié, englué, impuissant, vous vous sentez lentement vidé dans cet épouvantable sac, qui est un monstre. Au delà du terrible, être mangé vivant, il y a l’inexprimable, être bu vivant. Ces étranges animaux, la science les rejette d’abord, selon son habitude d’excessive prudence, même vis-à-vis des faits, puis elle se décide à les étudier ; elle les dissèque, elle les classe, elle les catalogue, elle leur met une étiquette ; elle s’en procure des exemplaires ; elle les expose sous verre dans les musées ; ils entrent dans la nomenclature ; elle les qualifie mollusques, invertébrés, rayonnés ; elle constate leurs voisinages : un peu au-delà les calmars, un peu en deçà les sépiaires ; elle trouve à ces hydres de l’eau salée un analogue dans l’eau douce, l’argyronecte ; elle les divise en grande, moyenne et petite espèce ; elle admet plus aisément la petite espèce que la grande, ce qui est d’ailleurs, dans toutes les régions, la tendance de la science, laquelle est plus volontiers microscopique que télescopique ; elle regarde leur construction et les appelle céphalopodes, elle compte leurs antennes et les appelle octopèdes. Cela fait, elle les laisse là. Où la science les lâche, la philosophie les reprend. La philosophie étudie à son tour ces êtres. Elle va moins loin et plus loin que la science. Elle ne les dissèque pas, elle les médite. Où le scalpel a travaillé, elle plonge l’hypothèse. Elle cherche la cause finale. Profond tourment du penseur. Ces créatures l’inquiètent presque sur le créateur. Elles sont les surprises hideuses. Elles sont les trouble-fête du contemplateur. Il les constate éperdu. Elles sont les formes voulues du mal. Que devenir devant ces blasphèmes de la création contre elle-même ? À qui s’en prendre ? Le Possible est une matrice formidable. Le mystère se concrète en monstres. Des morceaux d’ombre sortent de ce bloc, l’immanence, se déchirent, se détachent, roulent, flottent, se condensent, font des emprunts à la noirceur ambiante, subissent des polarisations inconnues, prennent vie, se composent on ne sait quelle forme avec l’obscurité et on ne sait quelle âme avec le miasme, et s’en vont, larves, à travers la vitalité. C’est quelque chose comme les ténèbres faites bêtes. À quoi bon ? à quoi cela sert-il ? Rechute de la question éternelle. Ces animaux sont fantômes autant que monstres. Ils sont prouvés et improbables. Être est leur fait, ne pas être serait leur droit. Ils sont les amphibies de la mort. Leur invraisemblance complique leur existence. Ils touchent la frontière humaine et peuplent la limite chimérique. Vous niez le vampire, la pieuvre apparaît. Leur fourmillement est une certitude qui déconcerte notre assurance. L’optimisme, qui est le vrai pourtant, perd presque contenance devant eux. Ils sont l’extrémité visible des cercles noirs. Ils marquent la transition de notre réalité à une autre.Ils semblent appartenir à ce commencement d’êtres terribles que le songeur entrevoit confusément par le soupirail de la nuit. Ces prolongements de monstres, dans l’invisible d’abord, dans le possible ensuite, ont été soupçonnés, aperçus peut-être, par l’extase sévère et par l’œil fixe des mages et des philosophes. De là la conjecture d’un enfer. Le démon est le tigre de l’invisible. La bête fauve des âmes a été dénoncée au genre humain par deux visionnaires, l’un qui s’appelle Jean, l’autre qui s’appelle Dante. Si en effet les cercles de l’ombre continuent indéfiniment, si après un anneau il y en a un autre, si cette aggravation persiste en progression illimitée, si cette chaîne, dont pour notre part nous sommes résolu à douter, existe, il est certain que la pieuvre à une extrémité prouve Satan à l’autre. Il est certain que le méchant à un bout prouve à l’autre bout la méchanceté. Toute bête mauvaise, comme toute intelligence perverse, est sphinx.Sphinx terrible proposant l’énigme terrible. L’énigme du mal. C’est cette perfection du mal qui a fait pencher parfois de grands esprits vers la croyance au dieu double, vers le redoutable bi-frons des manichéens. Une soie chinoise, volée dans la dernière guerre au palais de l’empereur de la Chine, représente le requin qui mange le crocodile qui mange le serpent qui mange l’aigle qui mange l’hirondelle qui mange la chenille. Toute la nature que nous avons sous les yeux est mangeante et mangée. Les proies s’entremordent. Cependant des savants qui sont aussi des philosophes, et par conséquent bienveillants pour la création, trouvent ou croient trouver l’explication. Le but final frappe, entre autres, Bonnet de Genève, ce mystérieux esprit exact, qui fut opposé à Buffon, comme plus tard Geoffroy Saint-Hilaire l’a été à Cuvier. L’explication serait ceci : la mort partout exige l’ensevelissement partout. Les voraces sont des ensevelisseurs. Tous les êtres rentrent les uns dans les autres. Pourriture, c’est nourriture. Nettoyage effrayant du globe. L’homme, carnassier, est, lui aussi, un enterreur. Notre vie est faite de mort. Telle est la loi terrifiante. Nous sommes sépulcres. Dans notre monde crépusculaire, cette fatalité de l’ordre produit des monstres. Vous dites : à quoi bon ? Le voilà. Est-ce l’explication ? Est-ce la réponse à la question ? Mais alors pourquoi pas un autre ordre ? La question renaît. Vivons, soit. Mais tâchons que la mort nous soit progrès. Aspirons aux mondes moins ténébreux. Suivons la conscience qui nous y mène. Car, ne n’oublions jamais, le mieux n’est trouvé que par le meilleur. 
Ou comment la littérature influence notre langue de tous les jours!